Le point

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Historique
Le point des lettres
Le point final ou conclusif
Le point dans les énumérations
Le point abréviatif
Le point séparateur
Les  nombres

Historique

Ce signe a été inventé au IIIe s. avant J.-C. Il apparaît en français dans la Chanson de Roland à la fin du Xe s. Le point en latin ne séparait pas des phrases, mais des mots qui pouvaient être  confondus en étant liés. Le latin n'employait pas l'espace pour séparer les mots.  Ce point était le plus souvent médian et non sur la  ligne de pied des lettres, il pouvait aussi consister en un trait vertical. Ce signe est nommé comma en grec, en latin cela désignera d'abord des membres de la période oratoire ou des parties du vers. Il donne naissance à plusieurs signes dès le Moyen Âge :

–  La virgule provient du trait vertical qui devient oblique comme une barre et qui descend à la ligne. Le nom latin de la virgule virgula désignait un  trait pour marquer les passages défectueux, proprement petite verge, diminutif de virga, verge.  Ce rôle est comparable à celui de l'obèle. On l'a aussi appelée incisum pour  rappeler son rôle qui consiste à placer  un  membre  de phrase  en incise,  en faisant une entaille ou fente dans la phrase. Ce terme est en fait en rapport avec la racine grecque du comma qui renvoie à l'idée de coupure. La virgule est très tôt sentie comme un signe secondaire, qui indique des passages pouvant être supprimés ou ajoutés, elle est aussi placée à la césure des vers. Ce trait vertical donne aussi naissance à l'apostrophe qui indique les éléments élidés ou subissant une apocope ou une aphérèse. L'apostrophe a un rôle lexical, la virgule un rôle syntaxique, mais c'est le même signe au départ. La virgule est encore nommée comma en anglais. Les guillemets de citation secondaire  ‘ ’ en anglais sont nommés inverted commas.

– Le deux-points a aussi été nommé comma. Il dérive du point médian qui se trouve doublé et qui pouvait avoir la forme du point-virgule. On lui a donné le nom de colon qui désignait également une période ou une partie de vers en grammaire latine. Le terme grec kôlon désignait un membre et notamment les jambes, les pattes. Pour Furetière, le point-virgule est encore un comma :  «  Le comma est un point & une virgule. »  Mais pour Littré, ce sera le seul deux-points.

– Le point est dès l'Antiquité  nommé  punctum à  partir  d'une racine  qui indique la piqûre, mais ce nom est en concurrence avec le comma et le colon car les différences ne sont pas établies. Le point acquiert son rôle de terme conclusif seulement à la Renaissance lorsqu'il descend à la ligne. Il conserve des emplois liés à la suppression de passages comme le comma ancien dans l'abréviation , il hérite aussi de sa fonction ancienne comme élément séparateur en concurrence avec le tiret et la barre.



Le point des lettres

Le point est utilisé dans l'alphabet latin sur le i et le j (voir ces lettres). Mais c'est aussi un signe diacritique qui apparaît dans les transcriptions en alphabet latin  d'autres langues comme les langues indiennes, il peut alors être souscrit, suscrit, adscrit. Le turc connaît un i sans point pour noter un phonème semblable au schwa ı. Le catalan utilise le point médian entre deux l pour différencier le double l français (ŀl ) du double l espagnol qui est mouillé.

Le point des lettres provient de l'écriture en lettres gothiques, les lettres i et j pouvaient être confondues avec d'autres lettres (m, n, u notamment) qui étaient liées. Ce signe ne possède pas du tout la même origine que le point grammatical, l'accent ou le tréma lequel n'est pas un double point. Ce point des lettres ne s'écrit qu'en bas de casse et jamais en capitales, la raison tient au fait que les lettres capitales I et J ne pouvaient se confondre avec un L. La distinction ne devait porter que sur les minuscules i (en position interne ou après h), j (à l'initiale), mais non sur y en finale ou à l'initiale car cette lettre diacritique était suffisamment distincte des autres lettres à jambages (g, q, p). Les graphies avec des I et des J avec un point sont abusives.

Le cas du Grandjean ou Romain du roi
Cette police, employée par l'Imprimerie nationale, a été conçue comme une architecture, elle montre une juste proportion classique et une uniformité. Les empattements horizontaux supérieurs ont contraint Grandjean à employer une sécante au l bas de casse pour le distinguer du I en capitale, surtout pour la redistribution des plombs. Il ne s'agit pas exactement d'un point, le poinçon est collé à la lettre. Elle n'apparaît que dans le romain et jamais dans l'italique. Le caractère bas de casse du l présente une petite marque en son milieu à gauche semblable aux différentes barres que l'on ajoute dans les signes manuscrits comme le z, le 7.  Cette marque serait bien utile dans nos polices de caractères comme Arial qui présentent souvent des i capitales similaires aux l bas de casse.   



Le point final ou conclusif

Il s'emploie à la fin des phrases. La marquise sortit à cinq heures.
Pour l'emploi des guillemets et du point, voir cette page.

Rappelons quelques règles pour les titres :
– Un titre ou un slogan ne se terminent pas par un point final. Les titres peuvent comporter un point expressif : Qui sait ? Qui sait !  Qui sait... Les titres qui forment des phrases ne sont pas plus terminés par des points, il faut songer au fait que ces titres peuvent être repris ensuite dans des phrases : « Il évoqua La guerre de Troie n'aura pas lieu et en parla longuement. » Ou encore que ces titres sont indiqués dans des bibliographies qui nécessitent des compléments (date, lieu, éditeur).
– Le chapeau ne se confond pas avec un titre. Le chapeau introduit ou complète et explique un titre, il constitue un texte par lui-même :

La fin de l'orthographe est proche, déclarent les enseignants.
Le texto admis au bac
Un tribunal administratif vient d'admettre qu'il était injuste et illégal de sanctionner l'écriture texto qui est rentrée dans les usages.


–  Les indications  d'origine (date, lieu, auteur, rubrique) ne constituent pas des phrases.
« Agriculture. Bruxelles. De notre correspondant. » ne sont pas des phrases séparées.  On a alors affaire au point séparateur, mais il serait totalement abusif de faire suivre sa signature d'un point. L'emploi d'une espace ou d'une ligne de blanc suffit : « Jean Dupont. » est redondant.


 

Le point dans les énumérations

– Après le numéro d'un chapitre :
1. Le système vocalique
A. Les voyelles nasales
– Après le numéro d'une note :
1. Voir pages 110-115.
Le point ne s'emploie pas dans le renvoi de note, mais à la note.
– À la fin d'une énumération sous la forme d'une liste, les éléments de la liste sont séparés par des points-virgules.                                                                                                                                



Le point abréviatif

– Il remplace les lettres finales du mot abrégé : M., etc., id., P.-S., S. G. D. G., av. J.-C. (monsieur, et cetera, idem, post-scriptum, sans garantie du gouvernement, avant Jésus-Christ). Voir la page sur les abréviations.
– En français, le point abréviatif n'est pas utilisé si la lettre finale est présente : Mgr, Mme, Ste (monseigneur, madame, sainte). L'anglais emploie un point abréviatif dans tous les cas même si la lettre finale est conservée : Mr., ca., St., Jr. (mister, circa, saint, junior).
– Une abréviation sous la forme d'un sigle peut s'écrire sans guillemets. La forme est fréquente pour les noms de société. Il faut l'éviter pour les abréviations usuelles. Lorsqu'un sigle devient un acronyme, il perd non seulement ses capitales, mais aussi ses points abréviatifs :
O. V. N. I. (abréviation), OVNI (sigle), Ovni et ovni (acronymes).
– Le point abréviatif se confond avec le point conclusif en fin de phrase :
Il évoqua la version par Gainsbourg de la Marseillaise dans son album Aux armes, etc.
Mais ce n'est pas le cas si le point abréviatif termine une citation qui ne constitue pas une phrase :
Il évoqua Gainsbourg chantant « Aux armes, etc. ».
– L'usage anglais évolue et la tendance est à supprimer les points abréviatifs dans : Dr. (Doctor), Mr. (Mister), Mrs. (Mistress), St. (Saint, opposé à St. Street), Sta. (Santa, opposé à Sta. Station). 



 

Le point séparateur

Il délimite les parties d'une date abrégée : 10.2.1999, 10.II.1999. Ce signe est en concurrence avec le tiret : 10-2-1999. Il convient d'éviter la barre 10/2/1999. Ce dernier signe peut être confondu avec le chiffre 1 ou le 7 anglais manuscrit sans barre.

On utilise encore le point pour séparer les éléments des numéros de téléphone, de télécopie, de minitel. Ces éléments sont groupés par deux en France : 03.26.**.**.**.

Le point a servi à isoler les chiffres romains des lettres même lorsque celles-ci n'étaient pas écrites en capitales. Cette pratique en ancien français donne par exemple : .XXIV. hommes. Il en est resté un usage jusqu'en français classique, à la fin du XVIIIe siècle dans le dictionnaire de Trévoux, pour employer un point après les chiffres romains, mais non avant. Furetière indique ainsi :

POINT, se dit aussi des marques & divisions de la quantité discrete, ou des nombres. Le chiffre Romain se marque avec des points, ou grands I. Un, deux, trois, quatre se marquent ainsi : I. II. III. IIII. Les cinq, six, sept, & huit se marquent ainsi : V. VI. VII. VIII. &c.

 
Nota bene : l'écriture des nombres
 
Comme séparateur décimal, la virgule est une norme internationale. On écrit deux millions cent mille :
2,1 millions.
Mais on trouve aussi malheureusement : 2.1 millions. La prononciation et l'écriture de «105.5 » pour les stations de radio (cent cinq point cinq) est fausse.

Comme séparateur de milliers, l'espace est une norme internationale. On écrit 2 300 000 habitants. Mais on trouve aussi en anglais 2,300,000 habitants. Cette écriture introduit des confusions dans les milliers et les décimaux. En revanche, l'écriture 2.300.000 habitants présente moins de risques de confusion.
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