Les rimes

A. Rimes masculines et féminines

    La rime est dite féminine lorsqu'elle se termine par une syllabe muette (en fait contenant un e dit muet).
    La rime, est dite masculine lorsqu'elle ne se termine pas par une syllabe muette. Cela n'a rien à voir avec le genre grammatical du mot :
– ramée-fumée sont des rimes féminines ;
– ventre-centre sont aussi des rimes féminines.
    La présence d'une consonne après le e dit muet ne joue aucun rôle.Vendent et rendent sont en rimes féminines comme venues et tenues. Ce qui importe, c'est la présence du e dit muet qui compte. Une syllabe accentuée mais contenant un e dit muet sera considérée comme féminine.

    Le rime masculine se distingue donc par l'absence de e dit muet : des ans - pesants est une rime masculine. Aimé-Armé est une rime masculine, mais armée-aimée est féminine. Le fait de dire que la dernière syllabe des vers en rimes féminines est muette est faux. La syllabe est accentuée, mais le e caduc n'est pas prononcé.

1. Richesse des rimes

    La qualité d'une rime dépend du nombre d'éléments sonores identiques qui la constituent. Un son n'est pas une lettre, mais un élément que l'on ne peut couper à l'oral. Il peut être formé de plusieurs lettres (ex : oeu, ou) ; un son peut ne pas correspondre au découpage en lettres (ex : aille = 2 sons a+y+(e) ; ille = i+y+(e)). Pour compter la rime on part du dernier son, sauf s'il s'agit d'un e muet. S'il n'y a pas de voyelle dans la syllabe finale, ce n'est pas une rime.

S'habille - babille est une rime riche. Lapin - matin est une rime pauvre.

très riche : 4 sons blesse/faiblesse [bles] riche : 3 sons chancelle/étincelle [sel] suffisante : 2 sons suivie/assouvie [vi] pauvre : 1 voyelle passé/compté [e]. Dans ce cas on parle même de simple assonance.

Les rimes peuvent être dites pour l'œil ou visuelles : mer/aimer (2 sons différents mais une même graphie)

pour l'oreille : vois/poids (1 son mais 2 orthographes)

2) Les sonorités. Il ne faut jamais oublier qu'un poème est toujours aussi une musique. I1 utilise donc des sonorités.

Voyelles

sonores - éclatantes a, o (ouvert) claires è, i sombres u, o, ou

Consonnes liquides l, m, n, r sifflantes f, s, z dentales d, t explosives p, b

Ce ne sont là que quelques catégories simples et commodes pour apprécier les effets en poésie (une classification plus complète et précise des voyelles et des consonnes poserait des problèmes complexes qui débordent le cadre de ce petit mémento) .

3) L'allitération c'est la répétition et le jeu des consonnes dans un vers ou une strophe. Ce procédé - qui veut traduire une impression physique ou morale - peut reproduire ou imiter un son il provoque alors un effet d'harmonie imitative. On cite toujours le fameux vers de Racine : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos tètes ? » La répétition de la consonne sifflante suggère le sifflement des serpents et la folie du personnage.

« Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, haine. frissons, horreur. labeur dur et forcé » (Baudelaire).

L'effet produit par la répétition de la consonne r est le ronflement, la répétition, la dureté.

3) Ce procédé est souvent modulé, nuancé par l'assonance, répétition de la même voyelle en finale accentuée.

« Dans l'intermi [na] ble
Ennu[i]i de la pl[ai]ne
La n[ei]ge incert[ai]ne
Lu[i] t comme du s[a]ble» (Verlaine)
La répétition du son e ouvert (plaine - neige - incertaine) orchestre la mélancolie. Le i (de ennui et de luit) suggère comme un cri de désespoir.
Les mots ne sont qu'un élément dans la lecture du poème. Ils constituent un texte musical .