Théâtre : les formes de comique
Il existe différents types de comédies classiques. Ils sont fondés sur les ressort comiques autant que sur les thèmes.

A. Les grands types classiques 

Comédie de mœurs : elle dépeint une habitude de vivre, un comportement social et moral. La comédie a alors une intention satirique ou polémique ou didactique. Elle dénonce une attitude afin d'éduquer moralement « castigat ridendo mores », ou le rire corrige les mœurs. Ex. : les Précieuses ridicules (Molière) ou le pédantisme.

Comédie de caractère : c'est une catégorie du sous-genre précédent. Un personnage généralement éponyme de la pièce montre un défaut, un trait de caractère. Ex. : Tartuffe (Molière) ou l'hypocrisie religieuse, l'Avare.

Comédie d'intrigue : l'intérêt est centré sur le dénouement heureux et sur les aspects sentimentaux ou comiques. Ex. : la Place Royale (Corneille).

 

B. Les formes de comique

Comique verbal : repose sur le langage (sens des mots, registres de langue, formes et types des phrases, répétitions, accumulations).

L'ironie : c'est une figure de style qui consiste à feindre de dire le contraire de ce que l'on veut faire entendre. Mais c'est aussi une forme de pensée ou un type de narration qui joue sur le décalage entre ce qui est dit et ce qui est sous-entendu, ce qui est dit est implicite : une situation peut être ironique. Le mot n'implique pas la moquerie ou le sarcasme.
Comique gestuel : attitudes, démarche (il faut observer les didascalies ou les mouvements suggérés par les répliques). Il est lié au jeu de l'acteur, parfois en décalage avec les autres formes de comique. On retrouve ce comique surtout dans la farce.
 

Comique de caractère : se fonde sur le caractère supposé des personnages, les réactions, les sentiments.

Comique de mœurs : qui met en scène une manière d'être ou de vivre d'une classe sociale. Il peut se confondre avec le précédent. Par ex. dans le Misanthrope, Molière se moque à la fois du caractère prétentieux des petits poètes avec le sonnet d'Oronte, mais aussi de son personnage principal qui entend être sincère en toute occasion. Ce comique peut se retrouver dans des sous-genres..

 
La satire  : texte par lequel l'auteur attaque les mœurs de l'époque, une situation, une idée. La satire utilise des termes dépréciatifs, péjoratifs, souvent avec une expression hyperbolique. Son but est polémique. Le registre satirique peut se retrouver dans tous les autres genres, mais notamment dans le comique.

La didactique : le but d'une comédie est esthétique (plaire), mais il peut aussi être didactique (éduquer) et donc viser à enseigner des règles morales ou sociales. Le comique n'est donc pas une simple distraction. Molière enseigne ainsi dans le Bourgeois gentilhomme à s'exprimer simplement.

Comique de situation : fondé sur le déroulement de l'intrigue et les événements attendus ou inattendus. Un personnage n'agit pas comme il le devrait ou bien il se retrouve dans une situation difficile ou bien un personnage cherche à en tromper un autre. Certaines situations peuvent être plus définies.
 

Canular : blague, farce, fausse nouvelle. Dans le Bourgeois gentilhomme, Monsieur Jourdain est victime d'un canular lors de la cérémonie turque. Dans les Fourberies de Scapin, la scène de la galère appartient à ce type.

Carnavalisation : transformation spectaculaire d'un événement par le renversement total des situations habituelles. L'Île des esclaves de Marivaux repose sur l'échange des rôles entre les maîtres et les valets. Dans le Bourgeois gentilhomme, Monsieur Jourdain est déguisé en mamamouchi ou dignitaire turc.

Quiproquo : Situation de méprise qui fait prendre un personnage ou une chose pour un autre.

Comique de répétition : il peut porter sur des mots, des constructions de phrases; un personnage peut redire sous une autre forme ce qu'un autre a dit (avec ou non un sens différent); mais cela peut être aussi une situation qui est reproduite (souvent avec des changements et parfois un renversement). Le comique de répétition est verbal, gestuel, de situation, mais il n'est pas isolé, il s'ajoute à un autre type de comique.
 

C. Les rapports de force

Ils permettent de faire rire aux dépens d'un ou de plusieurs personnages. Ils se retrouvent surtout dans le comique de situation.

Il faut voir :

a) L'enjeu d'une situation : quel est le but de chaque personnage et pourquoi c'est important pour lui ? Parfois les personnages s'affrontent seuls, parfois ils doivent convaincre quelqu'un d'autre.

b) Les personnages sont dominés ou dominants. Cela peut être lié à leur condition sociale (bourgeois/noble, paysan/citadin, femme/mari, valet/maître),

–  mais aussi à leur caractère (faible/fort, sot/rusé, cocu/hypocrite, naïf/menteur, avare/escroc),

–  à la situation dans la pièce (personnage battu/personnage qui frappe, trompé/trompeur, volé/ voleur)

c) Le rapport de force est toujours provisoire. Il peut être renversé au profit du dominé. Mais il peut être aussi exploité par le dominant.

d) Il faut se poser les questions : qui domine ? qui est dominé ? à quel moment ? (que s'est-il passé avant ? où ? (le lieu permet parfois la position dominante) comment ? pourquoi ? dans quel but ? cette situation peut-elle encore durer ? quelles sont les faiblesses du dominant et les atouts du dominé non utilisés ?
 

D. D'autres types de comédies 

 

D'autres formes de comiques jouent sur les registres :

Arlequinade : pièce, avec ou sans paroles, ayant Arlequin pour personnage central. Il peut s'agir de la réécriture d'une pièce connue, comme Dom Juan, dont une version, Le Festin de pierre, attribue à Arlequin le rôle du valet tenu ensuite par Sganarelle. Le personnage appartient à la Commedia dell'Arte.

Burlesque : parodie de l'époque consistant à travestir, en les embourgeoisant, des personnages et des situations héroïques ou propres à la tragédie, l'épopée. Le burlesque est une moquerie et une transformation des genres plus élevés. Il est outré, employant des expressions triviales pour parodier d'autres fictions.

Commedia dell'arte : sous-genre de comédie d'origine italienne, dans laquelle, le scénario étant seul réglé, les acteurs improvisaient. La commedia dell'arte a influencé le théâtre français par le jeu, par les situations et par les personnages (Scapin, Scaramouche, Arlequin, les personnages de vieillards ou de médecins pontifiants sont issus de cette comédie).

Farce : petite pièce où les jeux de scène sont les plus importants. Le comique de farce repose sur des représentations basses, souvent scatologiques, ou sur des effets faciles comme les coups de bâton, les mimiques. La situation de base est une tromperie pour de l'argent comme dans la Farce de maître Pathelin, mais cela peut être aussi le thème du mari trompé. Ce genre existait au Moyen Âge, son nom vient du fait que ces scènes s'intercalaient entre des représentations sacrées.

Grotesque : comique caricatural, de type bizarre, burlesque ou fantastique, parfois absurde ou irréel.

Marivaudage : jeu galant avec les mots qui est à la fois le symptôme du désir et de l'hésitation à se compromettre du personnage marivaldien.

Opérette : comédie lyrique, formée de chants et de dialogues ou pantomimes alternés, exécutée au théâtre avec décors et costumes.

Pantalonnade : farce burlesque centrée sur le personnage de Pantalon, vieillard jaloux et dupé de la Commedia dell'Arte. On a présenté la pantalonnade Le Vieillard dupé en Nouvelle-France (Fort Niagara) en 1757.

Pantomime : spectacle composé des seuls gestes du comédien. Elle se distingue du mime en visant plus souvent à amuser. Elle tient lieu de récit, avec force gestes, figuratifs et même réalistes, remplaçant une série de phrases.

Pastorale : comédie d'intrigue mettant en scène dans des décors champêtres des pâtres et des bergères qui sont parfois des princes déguisés. Souvent prétexte à danses et airs chantés. En vogue au XVIIe s.

Vaudeville  : comédie de chansons, acrobaties, danses et monologues, dont on fait remonter l'histoire à un recueil de chants populaires, les Vaux-de-Vire de Jean Le Houx (1576). Souvent chargé d'incidents burlesques, de quiproquos, de reconnaissances, etc.

 

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