La syncope du d à cette époque explique un certain nombre de doublets :
avenir et advenir (voir ces verbes). Ou encore des divergences :
aversion et adversité. Il y a eu rétablissement des lettres en fonction de la graphie au siècle suivant pour
adjuger par exemple. L'anglais puise dans un français antérieur :
advertisement, advice. On peut signaler la syncope fréquente dans le nom de
Sindbad le marin prononcé souvent
Sinbad en oubliant
la racine
Sind qui renvoie à
l'Inde, à
l'Indus, au
Sindh.
Le
d se prononce en finale dans des mots d'origine étrangère :
oued, oud, fjord, lord, lied, lad, ried, rand, round, trend, Sindh.
Aurore Dupin, en 1830, a une liaison avec Jules Sandeau. Ils écrivent ensemble Rose et Blanche qu'ils signent
Jules Sand. C'est en 1832 qu'elle commence à signer George Sand. Le d provenant de la troncation du nom se prononce à la différence de grand.
Le nom de la ville de Gand se prononce avec un d en Belgique, suivant son origine flamande Gent. Le d ne se prononce pas en France, la ville rime avec gant.
En revoyant le téléfilm
la Controverse de Valladolid,
j'ai été un peu étonné d'entendre Jean
Carmet prononcer le nom de l'ancienne capitale espagnole sans le
d : « va-la-do-li ». Je passe sur l'absence d'
l
mouillé, ce qui est assez habituel en français. Toutefois, je me suis
demandé si une ancienne prononciation classique de ce nom de ville
n'avait pas été conservée au théâtre. Au XVII
e s., on ne prononçait pas en finale les
d dans des noms comme
David, Friedland (Frié-lan), Groenland ou Oxford. Le rétablissement du
d
est contemporain. Je me dis alors qu'une ancienne prononciation de
Madrid a dû être aussi « madri »
à l'époque du
Ci de Corneille.
L'idée d'une prononciation française classique avec une finale muette se vérifie chez Victor Hugo dans
Ruy Blas :
[...]Tout seigneur à ses gages
À cent coupe-jarrets qui parlent cent langages.
Génois, sardes, flamands, Babel est dans Madrid.
L'alguazil, dur au pauvre, au riche s'attendrit.
Et :
[...] Est-ce que, sans reproche,
Quand votre sort grandit, votre esprit s'amoindrit ?
Réveillez-vous, Ruy Blas. Je vais quitter Madrid.
Ce genre de prononciation rejoint la prononciation hispanique où
Madrid a une finale assourdie et presque spirante en finale, voire inexistante dans le castillan méridional.
Par contre, dans
Hernani d'Hugo la rime de
Valladolid ne
laisse pas de doute. Extrait de la célèbre scène
de la galerie des portraits (j'en passe et des meilleurs !) :
Passant au portrait suivant.
Voici don Galceran de Silva, l'autre Cid !
On lui garde à Toro, près de Valladolid,
Une châsse dorée où brûlent mille cierges.
Il affranchit Leòn du tribut des cent vierges.
Le nom du
Cid a toujours conservé sa finale en français puisqu'il s'agit d'un monosyllabe étranger.
Ce doit être identique dans
la Légende des siècles :
Ce pays ne connaît guère,
Du Tage à l'Almonacid,
D'autre musique de guerre
Que le vieux clairon du Cid.
Un cas particulier est le nom
Léopold. Il est prononcé sans
d en Belgique et c'est normal après trois souverains, beaucoup de rues et d'avenues. En revanche, le
d est rétabli en France.