L'épenthèse



Du grec epenthesis « action de surajouter ».  Addition interne d'un phonème ou d'une syllabe que l'étymologie ne justifie pas.
L'épenthèse est  un phénomène qui s'est produit en langue romane après les consonnes nasales ou constrictives suivies d'une constrictive [r] ou [l] :
– [mr] > [mbr] : num(e)ru > nombre ; mots savants : numéral, numérer ; cam(e)ra > chambre
– [ml] > [mbl] : sim(u)lare > sembler ; mots savants : similaire
– [nr] > [ndr] : cin(e)re > cendre ; mots savants : cinéraire, incinérer ; gen(e)ru(m) > gendre ;
veneris dies > vendredi
– [lr] > [ldr] : mol(e)re > moldre > moudre ; mots savants : molaire ; volere > voldre d'où le futur voudrai de vouloir
– [sr] > [str] : ess(e)re > estre > être
– [zr] > [zdr] : laz(a)ru > lazdre > ladre 

Elle intervient dans des erreurs populaires : chartre pour charte, frustre pour fruste. On peut considérer la prononciation d'un e caduc superfétatoire comme une épenthèse : peneu pour pneu, ekseuprès pour exprès.

Elle peut être savante : merdre (Jarry), bouffre (Jarry), Proèmes (Ponge).

Synonymes :
– Anaptyxe (n.f.), du grec anaptuxis « développement ». Vieilli, aujourd'hui inusité. Sorte  d'épenthèse : développement d'une voyelle parasitaire qui facilite l'articulation d'un mot.
– Paremptose (n.f.). Vieilli, aujourd'hui inusité. Littré : insertion dans un mot d'une consonne qui ne forme pas syllabe.