Être

Origines de l'infinitif  latin

La désinence -se du latin est originale. Les autres dialectes italiques présentaient une finale en -om, ezum (être) en osque, erom (être) en ombrien, elle pourrait être à l'origine un ancien substantif inanimé du type templum. On suppose que le -s- correspond à l'élargissement qui intervient dans les noms d'action en -san du sanskrit et des infinitifs grecs en -ειν. Cet élargissement pourrait procéder du suffixe e-os qui intervient dans les noms d'action latins. Quant à la voyelle, ce serait de manière hypothétique un ancien locatif.

Quelques verbes en latin possédaient encore cette forme d'infinitif. On peut citer notamment les composés de sum vus précédemment et notamment prodesse qui donne preu, prude, prud'homme, prouesse, ou encore posse qui est à l'origine de pouvoir après réfection de l'infinitif (potere, pooir). Les autres verbes sont des défectifs :
coepisse, avoir commencé ;
meminisse, se souvenir ;
odisse, haïr.
Le premier est sans descendance. Le deuxième survit dans des noms de formation savante (réminiscence). Le troisième se retrouve dans le radical de l'adjectif odieux.

Les autres verbes actifs avaient subi le rhotacisme à l'intervocalique, sauf velle (vouloir, refait ensuite de manière régulière), nolle (ne pas vouloir), malle (préférer). La présence du -r comme marque de l'infinitif est sinon générale en latin classique et elle intervient dans tous les verbes français à l'exception de fiche.

L'intérêt de cette désinence archaïque apparaît lorsque le verbe esse reçoit un suffixe d'infinitif en -ere : *essere. Le premier suffixe est alors pris en espagnol, portugais, français pour un radical, et ces langues procèdent à une aphérèse au futur en général, à l'infinitif pour les langues ibériques. Cela explique aussi pourquoi les langues ibériques ont employé sedere au subjonctif et à l'impératif.