Faisons et faisez, disons et disez
Dans le cadre de la quinzaine du beau langage, ne disez pas disez, disez dites. (Julos Beaucarne).


Les terminaisons en -mes,- tes des verbes faire et dire au présent sont des formes attendues phonétiquement car ces personnes avaient une accentuation proparoxytonique, c'est-à-dire sur l'avant-dernière syllabe : fácimus, fácistis. Elles divergent ainsi des formes sommes et êtes qui n'étaient pas attendues.

Disons, faisons

La terminaison de la première personne du pluriel a été éliminée par une forme intermédiaire dions dans le cas de dire. Cette forme était analogue à la conjugaison de diez, dient à l'indicatif, die au subjonctif. L'évolution est similaire à celle du verbe duire (conduire, de ducere) qui faisait duions. Il y a eu alignement de ces personnes sur l'imparfait (disions, duisions) et le participe présent (disant, duisant) dès le XIIIe s. Cette forme évitait surtout la confusion avec le passé simple (dîmes, avec un accent analogique). Il faut se rappeler que la première personne du pluriel du présent sert de base à l'imparfait de l'indicatif, l'analogie a été inverse dans ce cas. Dans le cas de faire, la réfection n'est pas passée par un intermédiaire, l'attraction de dire a été la plus forte.

Disez, faisez

Les formes dites et faites ont été soutenues par les formes d'impératif homonymes. Les impératifs sont des conjugaisons fréquemment employées à l'oral, leur fréquence a pu permettre de considérer la désinence comme normale. On peut remarquer qu'en italien la forme de l'impératif a dominé sur celle de l'indicatif dans toutes les conjugaisons : il y a eu partout disparition du -s latin.

Cependant, il existe beaucoup de contradictions dans la famille de dire. Les verbes maudire (maudissez) et médire (médisons) sont les antonymes de bénir (maledicere versus benedicere). Dès l'ancien français, beneïssons et beneïssez apparaissent comme des conjugaisons régulières de beneïstre. C'est dû à des raisons d'accentuation. Il y a eu une attraction vers la forme la plus fréquente des conjugaisons en -ir, bénir et maudire se sont rangés dans la deuxième conjugaison alors qu'ils auraient dû appartenir à la troisième. Maudire suit donc le modèle de finir : maudissons, maudissez. Les raisons doivent se trouver dans les mentalités car maudire et bénir sont fortement liés.

Médire est une forme plus populaire et déformée de maudire. Il a été préservé d'une réfection sur la deuxième conjugaison, contrairement à maudire, sans doute parce qu'on le rapprochait plus de dire de manière générale. Des verbes comme contredire, interdire ou prédire sont rarement employés à l'impératif et c'est la forme en disez qui l'a emporté.

Il est étrange que l'on n'ait pas conservé d'accent circonflexe aux deuxièmes personnes du pluriel de dites, faites. Il est pourtant dicté par l'étymologie comme dans êtes. Les raisons tiennent à l'homonymie avec d'autres formes les faîtes ou sommets, dîtes au passé simple.


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