Les faux
anglicismes
Cela a le goût de l'anglais. Cela a la
saveur
de l'anglais.
Cela a la couleur de l'anglais.
Mais ce n'est pas de l'anglais !
Cette page traite des termes qui
paraissent
anglais et qui ne le sont pas pour diverses raisons. J'ai
éliminé
les mots qui sont francisés,
par exemple par l'orthographe ou par une désinence verbale. Les
termes
ont été
retenus selon plusieurs critères
:
— le mot existe en anglais, mais il
ne possède pas le même sens ;
— le mot existe en anglais, mais
il possède une forme plus développée ;
— le mot change de catégorie
grammaticale ;
— le mot associe un élément
formant français à une racine d'apparence anglaise ;
— le mot n'existe pas en anglais,
c'est une création du français avec une terminaison
à
l'anglaise.
En règle générale,
le mot pseudo anglais se signale par le suffixe -ing du participe présent ou
les
suffixes
man
et woman. Certains
sont
des créations humoristiques, familières ; d'autres sont
entrés
dans l'usage en
France, je signale alors l'équivalent
québécois s'il existe. Dans la plupart des cas, je me
réfère
à l'anglais
britannique et non à l'anglais
américain.
On remarquera que l'anglais n'a pas
forcément des termes plus courts que le français, mais
que
l'anglais
choisi par des locuteurs francophones
est plus simpliste, voire réducteur.
Ampli-tuner : 1967, du français amplificateur et de l'anglais tuner.
Aquaplaning : 1968. De aquaplane,
planche tirée sur l'eau (1920). Recommandation : aquaplanage,hydroglissage.
Baby-foot : 1951. L'anglais
possède table football
et l'américain table
soccer. L'abréviation de football en foot est française.
Ball-trap : 1880, de ball
ou balle, boule, et trap,
appareil
à ressort. L'anglais parle de trap shooting pour le tir aux
pigeons. Baskets :
nom masculin ou féminin,
1953. L'anglais utilise basket
trainers
ou basket shoes. Voir tennis.
Bowling : 1907,
faux anglicisme au sens de salle de bowling.
Brushing : 1966.
De to brush,
brosser. L'anglais use de blow
drying,
fait de souffler en séchant. Le brushing
est le brossage.
Caddie : 1952. Nom de marque déposé pour le chariot
de supermarché. L'anglais utilise trolley, l'américain
cart.
Camping-car : 1974. L'anglais emploie motor home, camper van, camper. La
recommandation
officielle (1992) est autocaravane.
Camping-gaz :
1960. Il s'agit d'une marque déposée.
Caravaning : 1931, de
l'anglais caravan.
Tourisme en caravane. Dérivé
: camping-caravaning.
Carter : 1891. Du nom de
l'inventeur
du mécanisme. L'anglais use de casing.
Chips : 1920. Le mot est
l'abréviation
de l'américain potato
chips,
littéralement copeaux ou fines tranches de pomme de terre.
En Grande-Bretagne, le mot désigne des pommes de terre frites,
soit des
frites ou des french fries
pour les États-uniens. Au Royaume-Uni, les chips sont nommées (potato)
crisps à partir de crisp,
croustillant. Le terme québécois
est croustilles.
Clapman : 1950. À partir
de clap (1952),
troncation de clapperboard,
planche à claquoir,
dérivé de to
clap, claquer. L'anglais
utilise clapper boy, le
français possède claquoir,
claquer, claqueur.
Dancing : 1919. Forme
réduite
de dancing-house, salle
de
danse. L'américain utilise dancehall.
Doberwoman : 1999. Surnom
donné
à Geneviève Dormann à la suite de ses
déclarations
contre les malades du sida.
Dressing : 1972, à partir
de dressing-room, 1960.
Le français
utilise garde-robe, vestiaire, lingerie.
Ferry, ferry-boat :
apparaît d'abord
comme ferry (1782), puis
comme ferry-boat (1848).
Il s'agit d'une fausse
interprétation
de to ferry (transporter)
en équivalent de voie ferrée. L'anglais utilise car ferry pour les navires transportant
à la fois des personnes et des véhicules. La
recommandation
officielle (1992) est transbordier,
les Québécois parlent de traversier.
Flipper : 1964. De to flip, donner une chiquenaude.
L'anglais
emploie pinball machine.
Fooding : 2002. Création
snob
à partir du nom food,
nourriture, et d'une terminaison verbale. Monstre.
Footing : 1885. Le terme
n'existe pas
en anglais dans ce sens, il s'agit d'hiking.
La dérivation à partir du verbe to foot (aller à pied) est
néanmoins
logique.
Forcing : 1912. Terme
employé
d'abord en sport, puis au bridge, enfin dans un sens
métaphorique plus
général. Création à partir du verbe forcer.
Frapping : création
humoristique
à partir de frapper,
sans
doute par analogie avec forcing.
Jogging : 1974. Ellipse de
survêtement
de jogging. Le terme jogging pour
une activité date de 1964, il provient du verbe to jog, trottiner, trotter.
L'anglais
utilise tracksuit, tenue
de
piste. Voir training.
Lifting : 1955. Forme
réduite
de face lifting,
relèvement
(de to lift, soulever) du
visage.
Les recommandations officielles
sont lissage,
remodelage (1975).
Living : 1954. Forme
réduite
de living-room (1856). Le
français
a déjà salle de séjour, le québécois
possède le calque
lexical
de vivoir.
Mailing : 1970. Le terme anglais
signifie
mise au courrier postal. Il n'est pas restreint à la
publicité
comme en français et
il ne concerne pas l'envoi de courriels
ou pourriels.
Mobbing : 2003. Rassemblement de
foule
en apparence spontané, en fait sur un mot d'ordre. À
partir
de l'anglais mob,
foule.
Panty : 1960. Forme
réduite de panty girdle
ou pantie girdle,
à
partir de pantie, petite
culotte
de femme, et de girdle,
gaine. L'anglais emploie un diminutif de pants, culotte.
Parking : 1925. L'anglais
utilise car park,
l'américain parking lot
ou parking space. Le
terme parking se rapporte au fait de stationner,
non à l'endroit où stationner. Le français
possède parc de
stationnement, au
Québec stationnement.
Perchman : 1952. Le mot est
formé
sur le français perche et l'anglais man.
L'anglais possède boom operator, boom désigne la perche
pourvue d'un micro.
Recommandation officielle de 1985 : perchiste.
Pick-up : 1970. Au sens de
camionnette,
le mot provient de pickup truck,
camion de ramassage.
Pin's : 1989. Mot formé
à
partir de pin,
épingle,
et avec une apostrophe faussement anglaise afin de maintenir la prononciation
de la consonne. La proposition a été épinglette.
Pipi-room : forme hybride et
humoristique
à partir de living-room.
Pressing : 1935. Mot
formé sur
le verbe to press,
repasser
à la vapeur. Le sens de magasin de teinturerie ou de nettoyage n'existe pas
en anglais, on emploie cleaners' ou dry cleaners ou dry cleaning service.
Pull : d'abord pull-over (1920), puis pull (1930). De to pull over, tirer par dessus.
L'anglais
utilise pullover, sweater.
Recordman : 1883. Recordwoman :
1896.
L'anglais possède record
holder,
détenteur d'un record.
Rentring : 2006. Mot forgé sur le
verbe
français rentrer pour une campagne publicitaire de France
Télécom.
Rugbyman : 1909. L'anglais
utilise rugby player. Le
français a joueur de rugby.
Le terme rugbywoman existe
aussi. Voir tennisman.
Scooter : 1919. Forme
réduite
de motor scooter,
patinette
à moteur, de to scoot
ou
détaler. Le scooter des
neiges se dit Ski-Doo en
anglais, la recommandation
est motoneige.
Self : 1949. L'anglais
utilise self service restaurant
ou self service,
restaurant où l'on
fait soi-même (self) le
service.
Shake-hand : 1787. L'anglais
a handshake, de to shake, serrer, et hand, main.
Shampooing : 1877. L'anglais a
emprunté
un verbe hindi qui voulait dire masser, presser. Ce verbe shampoo, a d'abord désigné
l'action de laver les cheveux, ce qui explique la terminaison du
participe
présent. L'extension
de sens au savon a eu lieu assez tôt :
1890.
Side : 1912. Forme
réduite de side-car,
voiture de côté
(side).
Slip : 1913. De to slip, glisser, donc enfiler
facilement.
L'anglais a briefs pour
le
slip d'homme, panties
pour
le slip de femme, et underwears,
underpants
en général.
Smoking : 1888. Forme
réduite
de smoking jacket, veste
d'intérieur.
L'anglais utilise pour le costume complet dinner jacket,
l'américain tuxedo.
Snack : 1958, d'abord snack-bar (1933). Le snack est un casse-croûte,
un
repas léger en anglais. L'ellipse française conserve
un terme qui n'a pas le sens de restaurant.
Speakerine : 1953. De speaker, présentateur,
annonceur
et avec un suffixe -ine
emprunté
à l'allemand pour le
féminin. Le masculin speakerin
est encore plus une mostruosité.
Le français speaker
(1931) veut dire orateur ou
président de séance en
anglais, cette langue emploie announcer
à la place.
Sponsoring : 1972. De to sponsor,
parrainer, patronner. La recommandation est parrainage.
Standing :
1953. Le terme n'existe pas en anglais au sens de bonne qualité
d'une
habitation. Il provient du sens de position
sociale (1924). Le français possède qualité, haut
de
gamme, de luxe.
String
: 1977. De string bikini,
bikini
à cordelette, et par influence de G-string (corde du sol ou G, grosse
corde du violon). En français, cache-sexe.
Surbooking
: 1965. Calque partiel de overbooking,
location en excédent, avec un préfixe français. Les
recommandations sont surréservation,
surlocation. Surbooké
(1985) est dérivé
de ce terme.
Talkie-walkie
: 1945. L'anglais utilise walkie-talkie, marcher et parler.
Taximan
: 1966. Forme humoristique pour taxi
driver, chauffeur de taxi.
Tennis
: 1950. L'anglais parle de tennis
shoes.
Tennisman : 1903.
L'anglais emploie tennis player.
Préférer joueur
ou joueuse de tennis
à tenniswoman.
Training
: 1965. Au sens de vêtement de sport, l'anglais use de tracksuit, tenue de piste.
Voir jogging. De training,
entrainement.
Trench
: 1920, forme réduite de trench
coat ou manteau de tranchée.
Wattman
: 1895. Mot formé de l'unité Watt, associée à
l'électricité,
et de man homme.
L'anglais
se sert de tram driver.
Le terme a un peu
survécu en Belgique.
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