Les numéraux gaulois

On ne connaît que quelques nombres gaulois. Leur racine est indoeuropéenne malgré les différences apparentes de formes. La principale différence du gaulois par rapport au latin réside dans le traitement
du kw du nombre 4 ou 5. Les langues celtiques se divisent en deux : les langues britonniques (breton, cornouaillais, gallois) avec p et les langues gaéliques (gaélique d'Irlande et d'Écosse, manxois) avec c. Le gaulois était plus proche des anciennes langues britonniques même s'il forme une autre sous-famille.
 
On peut situer le gaulois parmi les autres langues indoeuropéennes en partant des chiffres. Le gaulois utilise une forme de *penkwe  de l'indo-européen pour 5. La forme passe à *kwenkwe en celtique commun sur le modèle de kwetur /kwetru (4), cette assimilation de la labio-vélaire existait aussi en osque (pumpe face à quinque latin) mais aussi en éolien (pempe), cela a permis de croire à l'existence d'un groupe italo-celtique. Le gaulois se distingue donc des langues germaniques qui font passer ultérieurement la consonne à f (five, fünf), du grec qui modifie le kw en t (têtra 4, penta 5). Mais, en outre, le gaulois se singularise par rapport au latin.

 

 
Ordinaux français Cardinaux français Cardinaux gaulois Ordinaux gaulois Cardinaux latins Ordinaux latins
un premier oino remos, cintus unus, a, um  primus, a, um
deux deuxième, second *uo ? allos duo, duæ, duo secundus, alter
trois troisième tri, treis, tidres tritos tres, tres, tria tertius
quatre quatrième petuar(es), petru *petuarios, *petuartos  quattuor quartus
cinq cinquième pempe pimpetos, pempetos quinque quintus
six sixième *suexs (sues) suexsos sex sextus
sept septième sextan sextamos septem septimus
huit huitième *oxtu oxtumetos octo octavus
neuf neuvième
nametos novem nonus
dix dixième decan, decam decametos decem decimus
quatorze quatorzième
petrudecametos quattuordecim quartus decimus
vingt vingtième uoconti ?
viginti vicesimus
trente trentième triconti(s)
triginta tricesimus
cent centième canton
centum centesimus
 

Voici tout ce que l'on sait du système numéral gaulois. On ignore complètement si les Gaulois comptaient selon un système vigésimal, il n'existe qu'un seul témoignage d'un auteur latin à ce sujet.

Le traitement des ordinaux répond aux mêmes principes que ceux du latin par ajout d'un suffixe adjectival, généralement en -atos.

 

Le gaulois et les langues celtiques
 
gaulois breton gallois gaélique
oino  (1)
uo ?  (2)
tri, treis, tidres (3) 
petuar(es)  (4)
pempe  (5)
*suexs, sues  (6)
sextan  (7)
oxtu  (8)
nametos (9e)
decan, decam  (10)
(petrudecametos)  (14e)
uoconti  (20)
triconti(s)  (30)
canton (100)
unan
daou, div
tri, teir
pevar, peder
pemp
c'hwec'h
seizh
eizh
nav
dek
pevarzek
ugent
tregont
kant
un
dau
tri
pedwar
pump
chwech
saith
wyth
naw
deg
un deg pedwar
ugain
tri deg 
cant
a haon
a do
a tri
a ceathair
a cuig
a sé
a seacht
a hocht
a naoi
a deich
ceathairdèag
fiche
deich ficheag
céad
 
Le gaulois n'a donné naissance à aucune langue celtique nouvelle. C'est une langue morte qui ne demeure que très partiellement dans des mots de français courant ou régional ou très partiellement en breton. Le breton est une langue celtique britonnique importée de Grande-Bretagne et qui n'entretient de liens avec le gaulois que dans sa variante du vannetais. Pour voir le rapport entre le gaulois et les autres langues celtiques, il faut remonter avant la séparation des langues en p (gaulois, britonnique) et des langues en c (gaéliques) à une époque préhistorique. La proximité avec le latin est plus forte, ce sont des langues jumelles qui obéissent chacune à une logique propre.

Les Gaulois comptaient-ils par vingt et non par dix ? Ce n'est pas si sûr...