Jamais



Le sens positif de « jamais », à un moment quelconque, a précédé le sens négatif. « Jamais » vient de « jam », déjà, et « magis », plus au sens positif aussi. On le retrouve encore dans des tournures plus ou moins
figée comme « à jamais », « pour jamais » où il est synonyme de « toujours », « plus que jamais » qui équivaut à « n'importe quel moment ». Il est nuancé par la virtualité dans « si jamais » et il se rapproche alors du sens négatif. Il ne s'agit pas d'un anglicisme
-- quoique... l'anglais puisse renforcer cette expression --, mais d'une tournure soutenue et littéraire, liée à l'interrogation. Voici une citation de Bossuet qui correspond à ce type de phrase : « Vit-on jamais
en deux hommes [Condé et Turenne] les mêmes vertus avec des caractères si différents, pour ne pas dire si contraires ? » L'interrogation affirmative, comme l'hypothèse, permet de ne pas poser le fait comme
réel.
>dans l'expression "j'ai jamais rien à faire" cela veut dire que la personne
>n'a rien à faire ...
>alors que d'un point de vue logique :
>cela correspond à "j'ai absolument pas rien à faire" donc j'ai quelque chose
>à faire ...

Il existe des emplois positifs de « jamais » :
-- Je désespère d'avoir jamais quelque chose à faire. (Négation pour le sens de la phrase à cause du verbe introducteur.)
-- Ai-je jamais fait quelque chose ? (Interrogation.)
-- Sans jamais quelque chose à faire.
-- Si jamais j'ai quelque chose à faire. (Condition.)
-- Plus que jamais, j'ai quelque chose à faire. (Comparaison.)
-- À jamais, je fais quelque chose.
-- Je fais quelque chose pour jamais.
Tous ces emplois sont des survivances du sens naguère positif de « jamais », ils sont limités à quelques tours figés et aux constructions que j'ai indiquées. « Jamais » vient de « jam » (déjà) et « magis »  (plus mais plus dans le sens de l'addition). On pourrait le traduire par « un jour quelconque » dans ce cas et même par « toujours », son prétendu contraire, dans les formes figées.

Comme beaucoup de termes qui rentrent dans les locutions négatives, son sens s'est inversé dans la langue courante : « rien » en est un autre puisqu'il peut dire « quelque chose » et votre exemple en est une
illustration, on s'est encore amusé dernièrement du sens de « plus » dans des phrases averbales. Beaucoup d'adverbes de temps ont ainsi changé de sens (jadis, naguère, ou de suite dans une langue peu
attentive à la nuance par rapport à tout de suite), certains comme « tantôt » possèdent une signification fort variable d'une région à une autre. Pour « jamais » deux phénomènes ont joué : l'opposition avec « toujours » et l'emploi fréquent comme copule du véritable adverbe négatif « ne » que l'on oublie trop souvent.