Les pronoms personnels de deuxième personne


Nominatif : tū

La forme correspond au grec su, au dorien tu. La voyelle longue s'explique par l'accentuation car le u bref a été conservé dans tŭquidem. La forme indoeuropéenne se retrouve dans le vieux slave ty, le vieux prussien toū, l'ancien haut allemand du, l'arménien tu, etc.

Le français et l'occitan ont modifié le timbre de u latin. C'est une particularité celtique. Le picard a affaibli tu en te sur le modèle de jo devenu je.

En romanche, le pronom est passé à ti. Ce changement de timbre est normal dans la zone centrale de la Romania.

Accusatif : tē

La forme indoeuropéenne devait être *tě qui a été conservée par le dorien , mais le croisement avec *tu a produit parfois une forme *twe évoluant vers en attique.  En latin, une particule -d a été ajoutée aux trois thèmes *me, *te, *se (med sur la Fibule de Préneste, l'insccription de Duenos ; tēd chez Plaute). Selon Meillet, ce serait une particule démonstrative *-e-od que l'on retrouverait aussi dans quod. Toutefois, cette marque apparaît surtout dans les inscriptions anciennes et elle a disparu en finale après voyelle longue.   

La forme atone aboutit à te comme pour me. La forme tonique passe par tei (XIe s.) pour aboutir à toi (fin
XIIe s.) Le pronom toi est utilisé comme sujet de la même façon que moi depuis le XIIe s.



Génitif : tŭi 

La forme est issue d'un adjectif possessif comme pour la première personne, les mêmes remarques peuvent être faites. La forme tīs chez Plaute correspond à une réfection sur les noms.

Datif : tibī

L'indoeuropéen possédait sans doute des formes atones *te/oi  ou *twe/oi d'où le grec toi. En revanche, le sanskrit a une forme tonique túbhyam à partir du thème du nominatif ou de l'accusatif et d'une désinence *-bh(e)y. Le latin tǐbǐ peut ainsi procéder de tǐbī  issu de *ti-bhei. Cette forme trouve son correspondant au réfléchi sibi (<*se-bhei), dans l'osque tfei, l'ombrien tefe.

La forme tibi est devenue ti (comme mihi, mi) en bas-latin, d'où les variantes dialectales ti pour toi.

Le romanche distingue la forme atone du régime direct (tei) et le datif (a ti). Le roumain fait de même : atone te (issu de te, accusatif), tonique tine (ancien roumain tene come mene, sene), datif ţie. Ce dernier est issu de tibi, mais il a influencé le régime tonique. La forme atone devient îţĭ devant consonne comme à la première personne.

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