Le nouveau Fontanier
Il s'agit d'une série de définitions grammaticales, stylistiques ou rhétoriques qui ont comme particularité d'être autoréférentes. Parfois plusieurs figures sont combinées.
Abréviations
Sigle : Système Illisible de Gestion des Lexèmes Excentriques
Acronyme : Association pour la Cohésion et le Rattachement Ordonné des Noms Yankees ou d'une Mode Étrangère
De l'adjectif
Le nom adjectif était d'abord un adjectif, de adjectivum nomen, le nom qui s'ajoute à un autre nom ou à un pronom : l'adjectio était un renforcement, une amplification qui n'était pas obligatoirement épithète (ici épithète est attribut du sujet qui). L'adjectif donc qui était adjectif devint un substantif surtout dans adjectif qualificatif où on le fait suivre d'un autre adjectif lequel peut lui-même devenir substantif comme dans un qualificatif. Si l'on parle d'un adjectif tout seul, c'est pour la plupart des gens un adjectif qualificatif alors qu'il existe d'autres mots avec cet adjectif : les démonstratifs, les personnels, les possessifs, les numéraux ordinaux ou cardinaux, les indéfinis qui viennent d'être cités sous leur forme de substantifs. Ainsi il y existe un mystère de la substance de l'adjectif qui vient du fait qu'on ne distinguait pas avant le XIXe s. les noms bien nominaux et les noms bien adjectifs.
À la lettre
L'allitération délite la lettre des termes en la traitant de telle sorte qu'elle entraîne d'autres idées dans la redite.
En excès
Pour redonder, avec une rime annexée,
Excès se fait donc en une forme fixée,
On trouve ainsi souvent pour le vers suivant
Vent qui revient devant comme un son motivant.Ce texte contient aussi des rimes batelées.
À Postrophe
Apostrophe, qui donc es-tu ? Es-tu la figure qui sert à interpeller son auditoire au début d'un discours, ou bien dans le fil du discours une interruption volontaire adressé à un être présent ou absent, une chose abstraite et inanimée comme toi-même, apostrophe ? Te caches-tu seulement dans une simple incise grammaticale ? Vas-tu au-delà d'une phrase, d'une période, d'une partie de l'elocutio ? Quelle est donc ta limite puisque tout discours est prononcé en présence de quelqu'un et pour quelqu'un même si c'est soi-même, et comment distinguer alors la différence entre un monologue ou une tirade et puis l'apostrophe sinon en remarquant que tu prends à partie l'autre du discours de manière directe et soudaine, en rupture avec tous les discours précédents, que tu es le point de départ d'une situation d'énonciation différente et non une figure qui serait intangible jusqu'à la fin d'une pièce ou d'un roman. Apostrophe, en vérité tu es aussi brève que le signe typographique du même nom, une simple ponctuation du temps, un bref signal pour dire que l'on rentre dans des rapports plus étroits et violents entre celui qui dit et celui qui est dit. Bref, tu es par ce que tu manifestes, mais tu n'es pas parce que le fil du discours ne te laisse pas de place et que tu n'aurais plus d'effet après ta venue. Perec, Butor ne se sont pas trompés sur toi : ils t'ont vue comme la figure de la rupture ne pouvant pas aller au bout de la rupture lorsqu'elle est prolongée, devenant ainsi la figure de l'épuisement des discours ou des êtres.
Batelage
La rime batelée se place à la césure
De formes morcelées d'une autre mesure.
Alors l'alexandrin s'emplit d'échos internes
Qui donnent des refrains plus variés et moins ternes
Car un hémistiche se transforme en un vers
Sonore et fort riche, par un rythme divers.
Cheville, chenille
Ah ! jouons de petits mots assez inutiles ;
Eh bien ! grâces à ces éléments fort futiles,
Nous allons donc montrer ce qu'est une cheville :
Oui, ce parasite qui dans chaque vers brille,
Et comme papillon passe alors la chenille
Sans que quiconque oh non ! au grand jamais, ne cille
Puisqu'elle apporte parfois une sorte de vie
À la belle image qui soudain est obvie
Avec ce contraste d'une vieille métrique
Et, si l'on peut dire, d'un poème rhétorique
Aux accents fort nouveaux, qui passent pour des tics
Alors que les mètres sautent comme plastic !
Le pont traversé
Comme la métaphore, la comparaison rapproche deux réalités différentes et éloignées par ce qui serait à l'image d'une qualité commune. À la différence de l'opposition, elle réunit deux termes ainsi que le ferait un pont entre deux rives et elle permet par là leur échange de significations. Pareils au pont, les termes de comparaison comme comme, ainsi, tel, semblable à, à l'image de, à l'instar de, sembler, paraître montrent la transformation du paysage qui se métamorphose de la même manière que les fantômes vinrent à la rencontre du héros du Nosferatu une fois le pont franchi. Parce que toute comparaison est une sorte de changement d'état, le comparant étant presque une forme de vampire du comparé, ou bien une modification de la réalité en songe par le rappel d'autres réalités plus profondes et plus secrètes.
Qu'on sonne
Les terminaisons phonétiques
Des vers de ce poème antique
Sont en rimes consonantiques
Et en aucun cas vocaliques.
Solution de continuité
La rime continue
Dans tout vers continue,
Elle n'a pas de tenue,
Elle paraît toute nue,
Parce qu'elle est très ténue
Et toujours maintenue.
(Poème en forme de simili-sextine.)
Contrerime
Si l'on veut bien écrire une contrerime,
On doit prendre à l'envers
Le schéma et la longueur des strophes qu'on mime,
Faire d'un désaccord des vers.
Cou coupé court toujours
J'aime les vers aux rimes cou-
Pées, même si ça a un coût,
Car certains n'aiment pas les goû-
Ter malgré notre bon bagout :
On les retrouve tout dérou-
Tés par ces poèmes à trous,
Surtout si la partie reje-
Tée donne une rime que je
Dois accentuer sur l'e mu-
Et qui se trouve ainsi promu.
Di et plus
Avec deux vers, on fait un distique
Et cela ne souffre pas de critique.Notre distique n'est pas un diptyque,
Son volet doit être perçu comme unique.Dans le distique, on trouve l'hémistiche
Avec une autre forme phonétiche.
L'endroit et l'envers
Il faut être fort réservé
Envers les rimes renversées
Car elles vont à la dérive
Et au vers suivant elles virent
De bord, si bien que dans le verre
D'un miroir on peut voir leur rêve,
Et alors le poète admire
La forme inverse de ses rimes.
Équivoque
L'orthographe du mot ambiguïté ou ambigüité est d'une grande ambiguïté ou ambigüité, mais moins que celle phonétique du verbe arguer, argüe-t-il, arguë-t-il, argue-t-il.
Le bonheur est dans le fixe
Dans le mot préfixe, on a un préfixe pré- qui veut dire « avant, qui précède ». Dans le mot suffixe, on a en revanche un préfixe sub- qui indique l'état d'infériorité, le fait d'être dessous comme dans sous. Le mot suffixe n'a donc pas de suffixe, mais on peut lui en donner comme dans suffixation ou suffixer qui indiquent l'état ou l'action. Le mot suffixé est donc inférieur au mot préfixé, il rentre dans une catégorie qui est subordonnée. Mais -fixe est-il un mot ? Non ! C'est un morphème qui n'a rien à voir avec l'adjectif fixe même si l'origine est commune, ce radical (à partir de racine rad- et des suffixes -ic- et -al) n'a pas de sens par lui-même, et on peut dériver ainsi vers des affixes qui prennent en compte des mots qui ne sont ni devant, ni sous, mais dedans. Si j'écris en javanais, j'affixe, par exemple javécris... Étonnant, non ?
Fratrie
Jouant avec l'emploi de rimes fratrisées,
Risées peuvent venir si ce n'est maîtrisé,
Car les phonèmes d'une rime annexée
Excès d'équivoque seront alors taxés.
Dans la gibetionnaire
Le mot-valise ou portmanteau-word ferait mieux de se faire appeler mallise (composé de mot, mal, malle et valise) ou vocage (composé de vocable et de bagage) ou lexerviette (lexème ou lemme et serviette) ou verbagage (verbe et bagage) ou logoffre (logos et coffre, au risque de faire hurler les purpuristes hellénistes) ou locuchon (locution et baluchon) ou wordonnance (de l'anglais word et ordonnance, arrangement en beaux-arts). Ainsi la chose et le mot se rejoindraient pour former un(e) mose avec un signifianté.
L'hypallage, c'est hype
Sur un clavier songeur, je me demande comment évoquer l'hypallage. Le lecteur sera face à son écran interrogatif. Cette figure amusée d'un auteur permet de rattacher un mot syntaxiquement à un autre et qui donne au lecteur un sens perplexe.
Hyper bath
Bien plus que la répétition, bien plus que l'accumulation, bien plus que la gradation, l'hyperbate joue sur une addition que l'on pourrait croire finie et malgré tout l'épiphrase.
Hip aux choristes
Désigner la gentillette fifille ou le chienchien à sa mémère par des mots tout petiots et tout mignonnets, c'est un hypocorisme. Comme on aime bien les jolies foformes cacaressantes et fafamilières avec des 'minutifs trop trognons, des reredoublements de syllabicules, des suffixelets en chapelets. Mais il arrive que l'hypocorisme devienne ridiculcule, pépèrojatif, matériolet à conconstructions babaroques ou mignonnardelettes.
Kakemphaton
Comment se fait-ce qu'un kakemphaton suscite l'hilarité par des consonnances d'épices ? Si vous pûtes écrire concupiscence dans le concubinage sans venir à résipiscence, c'était que vous sussiez, sans remords, moelle ne vous en déplaise et qu'il eût été dommage de se priver du mot lesté.
La terreur dans les lettrines
Les lettrines vous bousillent toute une page si vous n'y prenez pas garde : regardez comme celle-ci a l'air couillonne en surplombant la première ligne, en écrasant la deuxième du fait d'un très mauvais interlignage, en n'étant pas correctement chassée pour laisser le texte respirer un peu et cela s'étire sur trois, quatre, cinq ou six lignes comme si on ne voyait pas assez bien le début du paragraphe. Mais il y a plus drôle, c'est lorqu'une lettrine ne comprend pas l'apostrophe de la lettre. Par exemple.
L'on pourrait écrire ça en tête de phrase. C'est profondément laid de voir cette apostrophe qui se trouve suspendue dans le vide et je me demande quel sera le typo qui dira halte aux lettrines obligatoires et gérées pour faire juste une belle image alors que le texte est foutu en l'air. La lettrine devrait être utilisée avec parcimonie, pour des ouvrages soignés, son abus est une infection.
Auto-limerick
Le premier vers d'un limerick
Se doit d'être toponymique ;
Une formulette,
Un héros fort bête,
Et foin de toute la logique !
Macaronismi
Como scrivere macaronismi ? Essere multo facilissimisto ! Mixtare diversi dialecti italiani et uno poco parte de latini languagi, adiutare qualque terminaisoni quasi italiani, mettare plurimi i, o et a partutti, ma jamais parlare como l'esperanto o l'ido, farcissare hoc nomini de vocabuli latini sin tenire comput de la grammatica et del senso, ma de vostri barbaricismi et solecismi. Quale ? Mai ! Ego parabolare in uno sorto de sabir similare ad franglese atque latinum de coccina ? Eh si ! eh si !
Maman gare
Démarrage mangue maman an
Démarrage gamma amen an un
Démarrage magma amen an un
Démarrage maman mage an un
Amarrage amende magnum an
Amarrage magnum damne ane
Amarrage magnum amen an de
Amarrage damne gamme an un
Amarrage gamma dune nem an
Amarrage gamma adn nem une
Amarrage gamma nem an de un
Maxime minime
Bon aphorisme ou belle sentence devient vite sot adage ou vil proverbe avec l'âge.
Met à lepse
Notre héros, Herr Doktor Dumeuszeug, continuait à réfléchir sur la portée discursive et diégétique de la métalepse, mais nous allons le laisser quelques instants, le temps d'un chapitre ou deux, car pendant ce temps, son grand rival, le professeur en Sorbonne Népomucène Barthenette élaborait dans le secret de sa bibliothèque une théorie qui allait bouleverser la conception du roman.
Muzain musard pour les muses
Je voudrais composer un muzain
Fait d'un quintil et d'un quatrain
En l'honneur de Bertrand Jérôme
Cela serait son épitôme
Maintenant qu'il est chez les saints.Les Décraqués sont des fantômes,
Les Papous sont réduits à rien,
Où est la vie, où sont les hommes
Sur une antenne de mots vains ?
Les nallages
L'énallage, tu sais, c'est lorsque vous prenez une personne ou un nombre pour désigner quelqu'un et qu'on en change tout d'un coup, mais c'est aussi lorsque nous choisîmes un temps que je modifie brusquement, et la phrase de se hâter ou de marquer la rupture. Écouté-je moi, le type pourra être modifié aussi. Mais si je disons « un énallage » et non « une énallage », sera-ce un énallage ou une faute ? Pour un Jean-Claude, ce sera une faute et non une figure ou une erreur ou un usage, fussiez-en sûr((e)s).
Ils sont fous ces Normands !
La rime normande ne rend pas l'auteur fier
Car on ne sait jamais à quel son se fier :
Rime riche à l'œil, que l'on ne peut aimer
Parce que le récitant trouvera ça amer.
Note
Note : une note sert à expliquer un mot¹, une expression, donner une référence de citation² ou fournir une explication secondaire comme une parenthèse³.
¹ Mot : un mot est une unité¹ lexicale² minimale³ que l'on nomme aussi lexème.
² Citation : fait de citer quelqu'un¹, de rapporter ses propos ou de le donner en exemple.
¹ Unité : ce qui compose un ensemble unique, pomme de terre est un mot, mais pomme d'arrosoir forme trois mots.
² Lexical(e) : qui concerne le lexique ou vocabulaire.
³ Minimal(e) : que l'on peut plus décomposer, un morphème n'est pas une unité lexicale minimale car on ne peut pas lemmatiser une désinence verbale, casuelle, de genre ou de nombre.¹ Un exemple de roman par citations est Pnine de Nabokov¹ où un universitaire analyse un poème par des notes.¹ Nabokov (Vladimir) : célèbre écrivain russe² d'expression anglaise, né en 1899 et mort en 1977. Il aimait les papillons, les échecs et le whisky.¹ Ne pas confondre cet auteur avec Evgueni Nabokov, gardien de but de l'équipe de hockey¹ de San José.³ Parenthèse : signe diacritique qui isole une remarque adventice, secondaire et effaçable. Un exemple d'auteur qui abuse des parenthèses est Claude Simon¹.¹ Hockey : sport qui se pratique en patins sur glace où l'on pousse un palet en suivant des règles incompréhensibles pour tout francophone qui n'est pas Québécois¹.¹ Québécois : amateur de hockey, de base-ball et de football pas pour les gonzesses (voir soccer).¹ Claude Simon : obscur écrivain français (1913-2005) que pour d'obscures raisons le prix Nobel a couronné et qui a empêché Hervé Bazin, Henri Troyat, Maurice Druon, Bernard Clavel d'être enseignés dans les universités américaines.Pangramme et lipogramme
Le pangramme est un texte où il y aura toutes les lettres de l'alphabet. Mais tenez, ce n'est pas évident de faire court et que le whisky mangeant du zan ou le yack amateur de xylophone soient pertinents.
Ami lecteur, ce pangramme est en fait un lipogramme déguisé : une lettre a été omise. À vous de la trouver et de la rétablir.
Part à grammes
Le patagramme est le paragramme pataphysique du mot paragramme. Si on y voit une coquille, cela devient une couille qui peut faire un paradrame.
Part en tas
Parataxe, pas de la syntaxe hiérarchisée, juste des termes juxtaposés, mais aussi coordonnés, comme une bousculade au portillon ; plus du tout de liens grammaticaux ? asyndète, forme ultime de la parataxe, surtout... avec des points de suspension... une dentelle... comme disait Céline...
Périodique
Que ta période s'enfle d'une protase soit simple, soit binaire, qui se grossit d'éléments adventices, redondants et secondaires selon ton souffle, ton humeur et ton public, mais toujours avec la même régularité de ton, de registre et de rythme afin de bien marquer les esprits, les âmes, les juges par un acmé qui entrera au moment crucial tel un fer dans une chair torturée ; puis, qu'en une apodose tu décroisses peu à peu les effets, laissant respirer les temps, apaisant ton auditoire, jusqu'à finir par un simple souffle, avec une phrase qui expire.
La phérèse
La phérèse est une aphérèse du mot aphérèse avec une glutination de la rticle des finis (la glutination vient des glutinations qui sont issues de la déglutination, il ne faut pas la confondre avec la glutination qui vient de l'agglutination).
Les pithètes aux Mériques
L'épithète aux longs compléments du nom en apposition porte le nom du poète aux yeux aveugles. Cet ornement aux éléments obligatoires revient pour désigner le même être du qualificatif absolu ou la même chose couleur unique. Elle accorde l'éternité essence de la permanence à ce qui était un point de l'horizon réduit. Par la répétition aux valeurs d'incantation, elle grandit l'objet nouveau témoin d'une permanence. En supprimant le terme de comparaison aux effets trop logiques, elle établit un nouveau rapport à la cause surnaturelle. Et elle se mue ensuite en cliché aux tours trop attendus, en mots usés.
Presque itération
La prétérition, cette figure paradoxale pour ne pas la nommer, je ne vous en dirai rien, ni qu'elle se distingue par la forme négative, ni qu'elle s'appelle aussi paralipse ou prétermission. Ne comptez surtout pas sur moi pour vous révéler qu'elle peut être une astuce rhétorique, ni qu'elle peut se métamorphoser en cliché lorsque l'on en use par automatisme afin de souligner ce que l'on déclare taire. Même sous la torture, je n'avouerai pas que c'est un des ressorts comiques dans certaines déclarations des Dupondt. Mettons d'ailleurs que je n'ai rien dit, comme ne l'écrivait pas Jean Paulhan et avant lui André Gide.
Pro Sopopée
Comme Malraux entra dans la légende, avec son cortège d'exaltation dans le vent de la rue Soufflot, avec les gaullistes au garde-à-vous sous la pluie battante et les métaphores incongrues portées par le souffle visionnaire, entre ici, Prosopopée, avec ton terrible cortège d'ombres funèbres. Avec ceux qui sont morts dans les tragédies classiques sans avoir vraiment parlé, comme Hippolyte dit par Phèdre à la suite de Théramène ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé, tel Hector apparaissant à Andromaque dans le songe à Céphise ; avec tous les Fabricius, les Gracques et les Caton que l'on invoque aux heures les plus sombres dans un ultime appel à la vertu républicaine ; avec le dernier corps du dernier rhéteur rappelant les absents, les morts, les choses disparues et depuis longtemps muettes, les vertus d'un passé à jamais révolu et enfoui ; avec les poètes épiques depuis remplacés par les infographistes et les présentateurs du vingt heures ; avec toutes les figures de l'absence et du manque dans les Contemplations, la Vie, mode d'emploi ou la Fugitive. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — ces figures du discours dans l'ordre de la nuit des mots qui ne seront jamais vraiment les êtres ou les choses, tout en les représentant et les figurant.
Du proverbe
Dans tout proverbe, peu de verbes. Des mots en miroir, des formes en tiroir. Des échos de rimes sur les choses priment. Toute idée a son contraire, tout proverbe son frère. Un mot pour un autre, le sens devient nôtre. Écrire à l'infinitif met le monde à vif. Fera bien l'aventure, le propos au futur. Qui veut généraliser doit banaliser. Qui n'a pas d'antécédent bien mieux s'entend. Dis ce qui est, ce sera ce qui est dit. Un impératif sans vraie personne, chez le locuteur résonne. En chaque chose un mystère, en chaque mot se taire. Évidence de la parole, présence de son rôle. Ce qui est est, ce qui n'est pas est.
666 !
On écrit le sizain
Ou alors le sixain
Pour ces six vers à mettre
En strophe. L'hexamètre
N'est pas le terme exact
Pour le mètre compact.
L'homme, c'est le stiche
Acrostiche, genre étrange où l'écrivain triche
Car un nom figure comme dans un blason.
Relire le texte pour trouver la raison,
Ordre fort différent dans les lettres se niche.
Si l'on veut jouer sur de la rime le son,
Téléstiche cachera dans une postiche
Illusion de rime de manière fortiche.
C'est ainsi qu'on code une singulière affiche
Hiéroglyphique ou bien forme de trahison,
Et chacun jugera ce que nous ne disons.
Syllabe et pied
Dans un alexandrin, l'on voit douze syllabes ;
Parler alors de pieds, c'est marcher comme un crabe.
Le français ne connaît plus d'accent de longueur
Même si quelques-uns l'ont encor dans leur cœur.Le français ne connaît pas le compte des mètres,
Et ceux qui disent pieds sont de fort mauvais maîtres,
Ignorant les iambes, maltraitant le latin,
Prenant un poème comme un petit lapin.
Syllepse
La syllepse sont des figures qui change le genre, le nombre ou le personne selon le sens. Chaque erreurs peuvent s'expliquer par une syllepse et on ne peut la reprocher alors. Mais si on veulent aller trop loin de la plupart des règles qui gouverne la grammaire, on sera accusés de solécisme. N'empêchent ! la syllepse, c'est toujours pratique pour se sortir d'embarras, et on les trouve bien agréables pour des erreurs depuis longtemps entérinées par l'usage.
Un mot est un mot
Une tautologie est une tautologie. La répétition du mot revient à redire le même mot en le répétant deux fois. Mais alors cette tautologie n'est plus une tautologie parce que le même mot n'a plus le même sens, n'est donc plus le même mot, alors que le pléonasme lui répète la signification du mot par une répétition de sens sans que ce soit le même mot lexical totalement similaire. La phrase précédente aurait pu être abrégée de ses redondances superfétatoires, inutiles et facultatives, on aurait eu ainsi un pléonasme dont le sens aurait été significatif et signifiant. Le pléonasme redondant est-il un pléonasme ? Oui, mais la tautologie n'est pas une tautologie quand le mot tautologie n'est pas vraiment le même mot que tautologie.
La témathèse
Une témathèse, c'est l'inservion de deux monèphes ou de deux trelles dans un covable. Les témathèses les plus créfentes sont celles qui sonquernent les trèmes avec des r comme formage, crocrodrille, infractus, berbis, cela peut être un peu asumant quand on parle de “fracture du myocarde” ou que l'on fait des pontrequets, mais c'est népible si l'on est déjà lysdexique et guèbe de crursoit. Ah ! le lervan aussi joue sur les témathèses, c'est ramant dites donc.
Tiercé
Pour écrire un tercet, il suffit de trousser
Trois vers comme un certain Dante aux rimes tressées
Ou bien de rechercher à les entrelacer.Mais jamais le tercet ne fut un triolet,
Parce que ce rondel joue comme virelai
Sur deux rimes, refrain à la fin du couplet.J'estime néanmoins plus la terza rima,
La forte forme qu'un grand poète anima,
Même si les sonnets envers Laure on aima.
Et le verbe de venir
Pendant que l'imparfait décrivait ou peignait simplement et calmement le paysage endormi, le passé simple narra les faits principaux à grands traits et plaça chacun dans le bon ordre du récit, et soudain l'infinitif de narration de se précipiter pour tout bousculer ! patatras !
Sujet x
Un chiasme en quatre morceaux carrés de croix
Quadrille le texte d'un tissu par quartiers,
Dans l'x des vocables, le + se voit premier
Avec un échange de sens où le mot croît.
Zeugme
Le zeugme supprime une expression et le sérieux. Il réunit deux ou plusieurs termes avec humour et une même construction verbale ou adjectivale. Il a un côté absurde et deux noms, le zeugme ou le zeugma. Il paraît chez Pierre Dac et assez loufoque. On l'utilise aussi dans la poésie classique et des phrases sans préposition. On y tire parfois des effets grivois et des femmes quand on saute un passage et son amie en un temps record et un coq-à-l'âne par hasard et une copule hardie. Il est assez incongru pour certains et déplaire car il est plein d'ironie et d'occasions de l'éviter.