Le Blanc Signe, Ou L'Etranger Accent
(Feuilleton populaire franco-britannique)
Chapitre 2
Dispute Dans Le Lobby
(Où l'on fait connaissance avec les membres d'un typical club d'excentriques français.)
Avertissement : toute ressemblance avec des personnes
existantes ou ayant existé ne serait pas le fruit d'une
coïncidence.
Une voix : LE MONSIEUR TE DEMANDE DE LUI LACHER LE COUDE, MON PETIT PROTOU !
Une autre voix : Ben tiens... Je ne te serre pas dans mes bras, i
a gourrance... superfion, je t'nvite très gentiment à
passer le premier... Mais si tu ne veux pas... Je ne vais pas t'obliger
à me céder la politesse...
La première voix : LE MONSIEUR TE DEMANDE DE LUI LACHER LE COUDE, MON PETIT PROTOU !
L'autre : Continue comme cela à crier... Je ne t'entends
pas... Et tu peux pas savoir comme c'est moche ces caps
inaccentuées...
Le premier : LE MONSIEUR TE DEMANDE DE LUI LACHER LE COUDE, MON PETIT PROTOU !
Une troisième voix : Messieurs, messieurs ! Un peu de
tenue, voyons, vous donnez une image déplorable de la France
devant des étrangers.
Le deuxième : Superfion possède un style fort riche... Cela ne fait pas un pet...
Le troisième : Je n'attendais pas moins de vous et de vos obsessions scatologiques !
Le premier : LE MONSIEUR TE DEMANDE DE LUI LACHER LE COUDE, MON PETIT PROTOU !
Le deuxième : Tiens... Voilà la mouche du coche...
On l'attendait çui-là... Toujours à faire du
vent...
Le troisième : Puisque la discussion est impossible, je
vous ignorerai et je vous conseille de faire de meme de votre
coté.
Le deuxième : C'est cela... Ignore-moi... Cela ne
m'interdis pas de relever tes conneries... Tiens... Tu veux que je te
dise... Il y a un temps tu ne serais intervenu que pour corriger les
deux accents que tu viens d'oublier. T'avais rien trouvé de
mieux à dire...
Le troisième : Vous savez que je ne m'adonnais plus à ce sport depuis longtemps.
Le premier : LE MONSIEUR TE DEMANDE DE LUI LACHER LE COUDE, MON PETIT PROTOU !
Le deuxième : Marrant... Et tu peux me dire, Mr 2
-- tiens, t'aurais bien fait de réfléchir à
ton pseudo --, ce que tu fais ici chez l'ennemi
héréditaire ?
Le premier : LE MONSIEUR TE DEM... (Bruits divers : coup de
boule, chute d'un corps sur le parquet verni, bris d'un vase
coréen de la période Park-Hing)
Le deuxième : Y a pas à dire... Ça soulage...
On ne s'entendait plus s'engueuler... Tu disais, Mr 2 ?
Le troisième : Ce comportement violent de votre part ne
m'étonne plus et je vous prierais de laisser vos
considérations anales pour le milieu des imprimeurs.
Une quatrième voix : Messieurs, messieurs ! L'heure
est grave, ne nous laissons pas diviser. Nous sommes venus ici à
Londres comme le firent au
auparavant le comte d'Artois, Chateaubriand et...
Le deuxième : Je placerais bien Hugo à cet
endroit-là aussi... Ne pas oublier Hugo... Tiens... Je
réciterais bien les « Chatiments », mais
le titre est dénaturé... Cela me donne encore plus envie
de chialer...
Le quatrième (poursuivant comme si de rien
n'était) : ...et feu le Général ! Dans
les plus sombres heures de notre Histoire la Providence a toujours
assuré le Salut de la France. Messieurs, de part le Roy, je vous
en conjure : avancez ! Il y va de la survie de notre Nation.
Le deuxième : C'est la raison... Avançons... Chuis
pas chien... Je vais prendre le Nécromant sur mes
épaules... Et puis il ne sera pas dit qu'il ne passera pas le
premier, je vais entrer à reculons... Non mais !
Les quatre étranges visiteurs pénètrèrent
enfin dans le salon de Loufock Hoax. Pendant ce temps, le docteur
Pacson réussit à dissimuler ses sous-vetements de cuir
dans une robe de chambre de soie, il recouvrit aussi d'un voile pudique
les statuettes ithyphalliques qui ornaient avec beaucoup de charme ce
coquet intérieur, et il ota toutes les corbeilles pleines de
cachets d'ecstasy de crainte que les visiteurs ne croient avoir affaire
à des dragées de bapteme -- auquel cas, il eut
été bien en peine de donner le nom de sa descendance.
(A continuer.)