Conte de Noël : la Guirlande
Dans la série des belles histoires de l'oncle Dom, voici un conte de Noël. Oyez donc, jeunes gens et jeunes filles !À l'approche des fêtes de fin d'année, il faudrait que j'évoque la Guirlande, pays du Grand Nord, célèbre pour ses décorations pour sapins de Noël. L'on doit sa découverte à un intrépide explorateur alsacien du XVIIIe s., le comte de Santa-Claus qui cherchait le plus court chemin vers l'étoile polaire. Après bien des naufrages sur des icebergs, attaques de pirates turco-vikings, enlèvements par des Eskimos anthropophages, maelströms, assiduités suspectes de phoques moustachus dans des banquises-rooms, réceptions fastueuses chez les pingouins, notre comte parvint à atterrir en Guirlande.
Comment découvrit-il ce pays ? On ne le sait. Toujours est-il que le hasard et une tempête le jetèrent sur ce rivage. La population locale l'accueillit simplement, sans aucune hostilité. Les Gourds, puisque tel est le nom qu'il leur donne dans sa Relation des Aventures extraordinaires de Mr le Cte de St-C*** en Pays de Guirlande, et Autres Curiosités sur les Peuples hyperboréens (Amsterdam, 1718), sont un peuple pacifique occupé principalement à décorer ses intérieurs et les arbres alentours de divers rubans, noix, cocottes de pin, boules polies. Cette coutume amusa notre comte et il livra les bimboleteries de son navire pour embellir le pays. Il faut dire aussi que d'autres peuples avec lesquels les Gourds vivaient en bonne intelligence les aidèrent, et notamment les Trolls, les Tomtes et les Hobbits qui se sont néanmoins livrés à quelques notables farces comme lorsqu'ils placèrent des gaudemihi ou en disposant les décorations de manière obscène sur les arbres.
Bientôt, il tomba amoureux d'une charmante Gourde, par hasard la princesse héritière de la Guirlande. On célébra bien vite les noces à Thjaâhjnnehnbhaaühjm la capitale d'autant que le ventre de la Gourde s'arrondissait de jour en jour. Mais il songea ensuite à faire découvrir au monde entier les belles décorations de la Guirlande, aussi entreprit-il de revenir en Alsace. Le comte de Santa-Claus prit donc le traineau à vapeur royal à proue de rennes, le fit charger d'objets décoratifs et entreprit un long périple vers sa chère Alsace afin d'y parvenir à la seule date importante : la Saint-Nicolas. Bien entendu, il était revêtu de la tenue traditionnelle gourde (ou guirlandaise pour les incultes), à savoir un long manteau rouge. Las ! Il dut se défendre contre une horde de gnomes bleuâtres à la croix vendéenne qui prétendaient défendre leurs frontières contre un brigand dénommé Al O'Win et malgré ses protestations il fut retardé pour vérification d'identité dans l'espace Schengen, conduite à la Kommandantur et double peine. L'un d'eux dit même sans cesse : « Qu'on le pende ! » Enfin, on le laissa passer lorsqu'il put établir que les modes d'emploi étaient rédigés en français, mauvais car alsacien mais français quand même...
Sa barbe avait blanchi durant ces jours d'angoisse et il n'arriva dans sa bonne ville de Obermittelunterbachwillerkirchdorfheimstatt qu'à la nuit tombée du jour de la Noël. Mais l'apparition du vieux comte fit sensation, chaque habitant obéit sur le champ à ses ordres de décoration des maisons, on couronna les sapins, on prit tous ses présents pour les disposer dans tous les intérieurs autour des cheminées et des portes, on inventa de nouvelles décorations en une nuit. Les Gourds qui accompagnaient le comte de Santa-Claus étaient émerveillés eux aussi. Et c'est ainsi que naquit la légende (en fait authentique) du Père Noël.Quelques notes :
Les Gourds, peuple de cette région froide de la Guirlande, descendraient de Ouighours qui se seraient perdus en chemin lors d'une tempête de neige. Normalement le nom de ce pays s'écrit Ghzrjüyijsland, mais on l'a heureusement francisé et on l'utilise pour nommer les productions locales. Malheureusement, certains sur ce forum utilisent l'orthographe anglaise Ghjruyjsland, on les surprend aussi à donner les traductions néerlandaises de ces mots. On sait qu'alain d. n'a eu de cesse de dénoncer ce travers fâcheux et américanoïaque. Jean-Pierre Lacroux a dénoncé la prétendue désignation des Gourds et Gourdes comme des Grouik, au pluriel Groumpf (et non Grouiks comme on le croit malheureusement trop souvent), car ce mot voudrait dire « espèce de sale sodomite coprophage suceur de ta mère et fellateur nyctalope de la mort qui tue » en troll mais il a démontré que les peuples gourds existaient dans l'ensemble du Grand Nord et n'étaient pas tous des Groumpf. Marc Bonnaud est président de l'Amitié franco-gourde et vous invite à lutter contre l'anglicisation de la Guirlande. Siva-Nataraja prépare une phonétique du gourdin (la langue de la Guirlande). Luc Bentz s'occupe du dossier de retraite du dernier comte de Santa-Claus. Michel Guillou n'a trouvé aucun poisson en Guirlande. Joye Lore-Lawson trouve qu'il y fait encore plus froid que chez elle. Pierre Hallet recense via Google les déformations des noms de ce pays. Jacques Rouillard y héberge une colonie de jeunes filles nues qui font marcher ses robots infernaux. Jean-Pierre Chadourne tente d'y chasser des bécasses du haut de sa montgolfière, il n'écoute pas les avertissements de Guillou, de Chatdoc et de jr.
Les Gourds sont d'un naturel sympathique et paisible, mais leur langue étrange a semblé aux premiers grammairiens français qui ont étudié leur langue comme une succession de jurons et d'insultes permanentes. C'est pourquoi le terme « enguirlander » est vite devenu synonyme de réprimander vivement et vertement. Et c'est ainsi que cet article est en thème, la Guirlande nous a donné une foule d'expressions.
L'année prochaine, je vous entretiendrai des aventures du comte de Santa-Claus en Houppelande. Ce pays a donné naissance à bien plus de mots français.