Haro, Luynes !


    Cecilà est le résultat de très longues années de recherche dans les documents anciens afin de rétablir une vérité hystoérique incontestable. Je vous en livre la primeur afin que nul ne s'avise encore de parler d'une fête débarquée récemment d'Amérique à des fins purement mercantiles...

    On dit trop fréquemment que l'origine de Halloween serait celte, que la tradition se serait d'abord établie dans les pays anglo-saxons. La vérité est bien différente et elle ne pourra que plaire au Pingouin. En réalité, Halloween est bien français !

    Lorsque Louis XIII voulut se débarrasser de Concini qui était à la tête du Conseil du royaume et qui était l'homme le plus puissant et le plus riche de France, il monta avec son favori Charles, duc de Luynes, une conspiration pour défaire le trop avide maréchal d'Ancre. Cela se déroula lors de la Fête des Morts. Les conjurés se déguisèrent, qui en loup-garou, qui en fantôme, qui en sorcier, qui en diable. Leur but était de semer la panique parmi les gardes de Concini -- tous gens fort superstitieux. Ils avaient pris soin de se répandre durant la nuit dans les sombres couloirs du Louvre avec des lanternes sourdes (plus tard, on prendra des citrouilles mais c'est un abâtardissement de la véritable hystoère) afin d'aveugler leurs ennemis.

    À chacun des Italiens qu'ils rencontraient sur leur chemin, les conspirateurs répétaient la formule :
— La trique ou la trisse ?
La trique était le bâton dont ils recevraient des coups s'ils se soumettaient. La trisse était la corde de chanvre qui les attendait s'ils ne se soumettaient pas.
Les gardes de Concini se soumirent vite, tant ils étaient effrayés. On n'en exécuta pas plus d'une centaine et c'était un grand soulagement.

    Parvenus enfin à la chambre de Concini, ils se heurtèrent néanmoins à une vive résistance. Louis XIII alors s'exclama :
— Haro, Luynes !
C'était le signal pour une lutte à mort et sans quartier. Concini fut proprement lardé de coups d'épée et de poignards par les gentilshommes réunis. Le roy fit ensuite de Luynes son connétable et le plaça à la tête de son conseil.

    Durant quelques années, une mascarade réunit au Louvre toute la fine fleur du royaume à cette date anniversaire. Chacun se déguisait en créateur monstrueuse et l'on promenait des lumignons tout en répétant les phrases les plus remarquables comme « Haro, Luynes ». Le duc de Bouquingan, frappé par cette fête lorsqu'il était de passage auprès d'Anne d'Autriche, décida de la reproduire une fois revenu à Londres avec les ferrets de la Reine. Un certain d'Artagnan consigne d'ailleurs dans les feuillets retrouvés de ses Mémoires qu'il « prononçoit fort mal le françois, le cry estoit deuenu « hallo houine » comme sy la compaignie ne comprenoit poinct la sentence, et de mesme l'on deformoit les espressions telz que « trique au trite », le tout sanz soucy de la verité ».
 
    Il serait donc grand temps de réévaluer la figure de Louis le Juste et de souligner les caractéristiques proprement françaises de cette fête qui nous a été injustement volée.

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