La chandeleur



Cette fête fixe a lieu le 2 février et elle est marquée par la fin de la confection des crêpes en famille. Elle célèbre la
présentation du Christ au Temple et la purification de la Vierge. Il n'y a aucun rapport direct avec la fête juive de Hanoukah, quoique... Elle remplace en outre les lustrations antiques qui se déroulaient en février. La fête de la purification fut instituée par le pape Gelase qui abrogea les Lupercales. La cérémonie constituait en une procession de chandelles ardentes qui ont donné le nom à la chandeleur. On notera qu'en latin, c'est candelaria, la chandelière.

Le nom apparaît en français en 1119 sous la forme chandelur, puis en 1262 comme chandeleur . Elle est issue par ellipse de l'expression latine festa *candelorum (masculin-neutre) avec changement de genre pour festa candelarum (féminin) « fête des chandelles », sous l'influence de festa cereorum « fête des cierges », ces mots étant souvent associés. La construction en ancien français était la feste chandeleur, nostre dame chandeleur. On a affaire à un génitif pluriel différent des constructions du type hôtel-Dieu (l'hôtel de Dieu), haute-mère-Dieu (la grande mère de Dieu).

Le génitif latin était déjà en concurrence à l'époque classique avec des expressions construites de manière analytiques à l'aide des prépositions ex, ab, de indiquant l'extraction d'une partie (paucis de nostris, « peu des nôtres », César). En outre, l'ordre des mots a tendu à être inversé (liber Petri au lieu de Petri liber). L'ancien français avait ainsi hérité de deux génitifs, l'un avec une postposition sans préposition (La Chaise-Dieu, Bourg-la-Reine, Marly-le-Roy), l'autre avec préposition. C'est cette dernière construction qui deviendra la plus fréquente à partir du moyen français.

Cependant, quelques génitifs pluriels latins étaient restés en français et en provençal : la geste francor, gesta Francorum (les actions des Francs) ; la gent paienur, gens paganorum (la race des païens). Ces génitifs rares ont vite disparu, ce devait être des archaïsmes. Chandeleur seul est resté, ou presque. Il faut citer aussi le pronom personnel et adjectif-pronom possessif leur qui est issu de illorum (de ceux-ci, à ceux-ci).

C'est pourquoi on ne peut féminiser le terme en « chandeleuse », « chandeleure » ou « chandeleresse » même si Furetière nous dit «  qu'en quelques lieux on appelle Chandeleuse ». Et puis cette particularité étymologique mérite d'être préservée. Encore un détail : cette fête est l'une des rares à n'être qu'un nom commun, comme si elle voulait se
confondre avec les autres mots et se faire oublier.

On prendra garde qu'auparavant, le jour de la chandeleur laisse derrière lui un hiver et en annonce un autre :

Quant Notre-Dame de la Chandeleur luit,
L'hiver quarante jours s'ensuit.
   
Que l'on pourrait traduire encore :

Quand le soleil à la Chadeleur fait lanterne,
Quarante jours après il lanterne.

Le froid est vif à cette époque :

À la chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur.

À la chandeleur, grandes douleurs.

Le temps des cadeaux de Noël commençait très tôt, à la Saint-Nicolas, et il se poursuivait jusqu'à cette fin de l'hiver :

Étrennes d'honneur durent jusqu'à la Chandeleur.


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