Les ethnonymes


Ce malheureux reporter a osé employer des minuscules afin de
désigner les farouches Indiens Nez-en-trompette.

    Les noms désignant des groupes humains sont victimes de nombreuses erreurs. On distinguera trois cas :
– les noms de peuples en général, habitant ou non un territoire donné ;
– les noms de locuteurs et de langues ;
– les noms liés à  l'appartenance à une doctrine philosophique, religieuse, politique, artistique.

1. Les  gentilés
Le terme gentilé se rapportent à celui qui appartient à un peuple, ou qui habitent un pays, une région, une ville.  Les êtres humains désignés par un nom qui les lient à une ethnie ou à un lieu prennent systématiquement une capitale lorsqu'il n'y a pas d'emploi imagé : les Américains, les Français, les Chinois, les Parisiens, les New-Yorkais, les Carnutes, les Tsiganes, les Cheyennes.

Lorsque le nom est figuré ou qu'il est employé par ellipse pour un objet par antonomase, il ne prend pas de capitale : je mange un américain (un sandwich américain), j'adore la romaine (la salade romaine), se taper un chinois (un restaurant chinois), détester les petits suisses (comme fromages).

Le gentilé s'étend aussi aux prétendues races : un petit Noir est un Pygmée, mais un petit noir est un café ; les ancêtres d'Alexandre Dumas étaient des Nègres, mais il a fait travailler beaucoup de nègres pour ses œuvres ; l'anthropophage raffole du Blanc, mais le missionnaire préfère manger du blanc (de poulet).

Attention ! certains ethnonymes ne sont pas toujours clairs : les pieds-noirs nord-africains n'ont pas un nom de tribu à la différence des Pieds-Noirs américains. On a affaire à un nom de fantaisie. La plupart des noms qui servent de sobriquets ou qui sont insultants ne sont pas écrits avec une capitale : les boches plutôt que les Boches, les beurs plutôt que les Beurs. La règle est peu claire en la matière et elle n'a d'ailleurs guère de fondements.

De même, on ne confondra pas les noms de races par couleurs et puis des catégories nées lors de la colonisation : un mulâtre, un métis, un quarteron. Aucun de ces termes ne constitue un gentilé. Cependant, il existe des pays comme l'Afrique du Sud où le mot Métis constitue une sorte de prétendue race.
Les adjectifs et les langues s'écrivent en bas de casse : le peuple français, un citoyen allemand, le flegme britannique ; ici, on parle le français et l'italien...

Ces règles sont importantes (voir aussi les règles consacrées aux doctrines et aux religions), et sources d'erreurs fréquentes. Un juif d'Israël parle l'hébreu, les Arabes israéliens aussi, un Français parle le français même s'il est marseillais et qu'il emploie le marseillais, un New-Yorkais habite New York (sans trait d'union), et on se fait naturaliser anglais (c'est ici un adjectif). Cela peut sembler un peu confus, mais l'habitude se prend vite : les habitants des pays avec une majuscule, les langues en minuscules, c'est déjà l'essentiel.

2. Les noms de locuteurs et de langues

Les noms de langues prennent une minuscule : on parle le français, on écrit l'anglais. Cette règle grammaticale peut sembler biscornue car le mot « français » est un substantif alors et non un adjectif. On l'explique par le fait que le mot « français » est en fait un emploi simplifié pour « la langue française ». Il n'en a pas toujours été ainsi et les auteurs classiques employaient la majuscule pour les langues. Toutefois, il convient de ne pas se laisser égarer par cet usage qui continue en anglais : « the French ». 

3. Doctrines religieuses et philosophiques, écoles artistiques

Les doctrines, écoles, religions s'écrivent en minuscules : le catholicisme, le judaïsme, le structuralisme, l'existentialisme, le communisme, l'anarchie, le romantisme, le cubisme...

De même, le nom de leurs adeptes s'écrit en minuscules : les catholiques, les juifs, les musulmans, les shintoïstes, les communistes, les romantiques, les classiques...

Attention ! On distingue un Juif appartenant au peuple juif et puis un juif de confession juive. On distingue aussi un musulman en Serbie et puis un Musulman en Bosnie (les Musulmans sont une des composantes ethniques de la Bosnie). Les sunnites et les chiites, les catholiques et les protestants, les syriaques et les chaldéens,  les maronites et les druzes ne sont pas des désignations ethniques. De même, un habitant du canton de Vaud ou Vaudois n'est pas susceptible d'appartenir à l'hérésie des vaudois, les Albigeois ne doivent rien aux albigeois, les Bulgares aux bougres. Les noms sont alors de fantaisie.

Exceptions : quelques rares groupes portent des noms propres : les Nabis. C'est une absurdité.

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