La lettre K
La fréquence de cette lettre est de 0,05 %, elle se situe au 25e
rang.
Elle provient du phénicien kaf (kaph) qui signifiait « paume
de la main ». La forme orientée à gauche peut représenter
une main, mais c'est surtout visible avec les doigts réunis comme
en protosinaïque. Ce serait un moyen mnémotechnique comme pour
la lettre précédente yod (iota, i) figurant une main avec des
doigts étendus. D'autres noms (ain ou omicron l'œil, ros ou rhô
la tête, pé ou pi ou la bouche) renvoient à des
parties du corps.
kaph
La lettre s'inverse en grec, mais sa forme demeure quasiment identique avec
toujours une jambe et deux demi-barres obliques que ce soit en étrusque
et en latin. Le kappa valait pour 20 en grec. Les Romainsl'ont peu utilisé
comme nombre. Il valait alors 250 et surmonté d'une barre 250 000.
Les Romains ont peu utilisé la lettre K sauf dans des abréviations
comme K. pour Caeso, Kal. pour kalendae.
Quelques noms propres ont été aussi écrits avec cette
lettre Karthago, Kasa, Kana. Il s'agit d'un usage plus grec. Elle
a été jugée inutile par Priscien. Ensuite, la lettre K. a été
l'abréviation pour Constantin et pour Charles (Karolus).
Elle est fort employée en ancien français en concurrence avec
la graphie qu dans des mots latins. Toutefois, on l'élimine
à la Renaissance. La graphie ch possédait une double valeur,
l'une héritée du latin pour transcrire les mots grecs comprenant
un khi, par exemple cholere (de kholê), l'autre héritée
de l'ancien français pour noter le /k/ palatalisé par exemple
cher (de caru). Malheureusement, la graphie simplifiée avec c sera
préférée devant a et o (caméléon, mélancolie),
avec ch conservée dans les nouveaux emprunts (archétype)
mais avec des valeurs héritées de la lecture ancienne (archévêque).
Le recours au k n'est pas jugé utile alors que selon Duclos «
Le K est la lettre dont nous faisons le moins et dont nous devrions faire
le plus d'usage, attendu qu'il n'a jamais d'emploi vicieux. »
Le premier mot nouveau à venir en français avec un k est kiosque,
tiré du turc mais passé par l'italien, d'où une première
graphie chiosque (1606) conforme aux conventions italiennes, mais ambiguë
en français. Le mot sera refait à la fin du XVIIe
s.
Le dictionnaire de Furetière (1694) ne comprend que cinq mots en K
: kalendes (avec renvoi à calendes), kali (que l'on écrira
ensuite alcali), karabé (qui deviendra la carabe), kinkinna
(avec renvoi à quinquinna) et kyrielle, mot grec. Le dictionnaire
de l'Académie au même moment ne connaît que ce dernier.
Il indique : On s'en servoit autrefois
en quelques mots, comme, Kalendes. Kalendrier.
On s'en sert encore en ce mot Kyrielle,
& en quelques noms propres pris des Langues estrangeres, comme, Stockolm,
York, &c.
Il faut noter que des noms anciens ont été francisés
comme Københaven devenu Copenhague sur le modèle normand de
La Hague.
La situation ne change vraiment qu'en 1762 avec l'entrée de 21 autres
mots dans le dictionnaire de l'Académie. Ce sont des termes d'origine
grecque (kyste), chinois (kaolin), russe (kremlin), arabe (kermès),
mongole (khan). Cela témoigne de deux changements profonds : les scientifiques
calquent désormais le grec et non plus son intermédiaire latin
seulement ; les relations de voyage apportent une foule de mots exotiques
dans les orthographes les plus diverses. Le k qui avait été
rejeté comme lettre étrangère – il ne figure pas dans
certains alphabets – revient à cause de son étrangeté.
Les mots allemands au XIXe s. et anglais au XXe s. vont contribuer
à le renforcer de manière exponentielle.
La capitale K est l'abréviation de l'unité de mesure Kelvin,
la forme °K est ancienne. La minuscule k sert d'abréviation légale
au kilo en composition : kg ou kilogramme(s), km ou kilomètre(s).
La marque K sur des monnaies indiquait une frappe à Bordeaux. Dans
B. K. elle renvoie à Koch (bacille de).
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