Clore

 Indicatif

Présent

Futur simple

je clos

tu clos

il, elle clôt

inusité

inusité

ils, elles closent

je clorai

tu cloras

il, elle clora

nous clorons

vous clorez

ils, elles cloront

Les temps composés (passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur et futur antérieur) sont entièrement réguliers et se construisent avec l'auxiliaire avoir : j'ai clos.

Littré remarque :

« Des grammairiens se sont plaints qu'on laissât sans raison tomber en désuétude plusieurs formes du verbe clore. Pourquoi en effet ne dirait-on pas : nous closons, vous closez ; l'imparfait, je closais ; le prétérit défini, je closis, et l'imparfait du subjonctif, je closisse ? Ces formes n'ont rien de rude ni d'étrange, et il serait bon que l'usage ne les abandonnât pas. »

Et pourtant les formes closons et closez ont existé. Grevisse dans le Bon Usage note un bon nombre de closent, pourtant donné comme une forme rare. Et il cite deux closit contemporains, l'un de Queneau, l'autre de Béraud.

L'ancien français employait des formes sans consonne : je clo, tu clos, il clot, nous cloons, vous cloez, ils cloent. Le latin claudo a donné clo par effacement de la consonne finale non appuyée dès le IXe s. Les formes du pluriel comme claudimus contenaient en roman des dentales spirantisées en th, ces formes se sont amuïes à la même époque. En revanche, il y a eu maintien des désinences en 2 et 3 , la consonne finale appartient à la terminaison régulière et non au radical. Le -s de transition ou épenthétique est emprunté au participe passé clos issu de clausu. Ce verbe a été refait en moyen français. Il suit une évolution comparable à celle de pouvoir qui se conjuguait poons, puez, pueent. Dans ce cas, la consonne de transition -v est analogique d'avoir, savoir, devoir, mouvoir, etc.

Le paradigme du passé simple issu de clausi était le suivant : clos, closis, clost, closimes, closistes, closdrent. Il était identique à celui de respondre (issu de respondere) : respo(n)si (responsi). Voici un exemple d'emploi du subjonctif imparfait : Commanderent quon amenast le charroy la ou nous estions et que on nous cloyst et ainsi fut fait (Philippe de Commynes).

L'accent sur le o de la troisième personne du présent ne correspond qu'à une volonté discriminatoire à l'époque classique car le o dans les syllabes initiales pouvait être lu comme un ou. Le mot était en effet aussi prononcé clouer en ancien français, d'où la confusion avec le verbe homonyme. La prononciation o ou ou dans les syllabes initiales déboucha sur la querelle des ouïstes et des non-ouïstes au XVIe s. et au XVIIe s.

Le verbe clôturer (1787) concurrence dans le sens propre, puis dans le sens figuré le verbe clore comme dans clôturer un débat, une séance, un cours, une assemblée. Ce verbe est issu de clôture (1155), tiré d'un participe passé irrégulier et faux de claudere, clausitus. Ce verbe  plus régulier a entraîné la désaffection pour clore.



Déclore

(1080). Ne s'emploie qu'à l'infinitif, sauf chez Ronsard :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée

 En fait, le verbe était conjugué comme le précédent en ancien français.  «  L'escut [il] lui freint, et l'haubert lui desclot. » (Chanson de Roland). Mais le participe passé a été le plus fréquent car l'action correspond à un résultat.

Littré indique cependant :
Verbe défectif n'ayant que les temps et les personnes qui suivent : je déclos, tu déclos, il déclôt, sans pluriel ; je déclorai ; je déclorais ; que je déclose, que tu décloses, qu'il déclose, que nous déclosions, que vous déclosiez, qu'ils déclosent ; déclore ; déclos.


Éclore

(1050). Ne s'emploie qu'aux 3es personnes sur le modèle de clore selon Hanse, pourtant les autres formes sont possibles selon le sens. La 3e personne du singulier au présent de l'indicatif est toutefois  il éclot, sans accent selon l'Académie. En fait, l'accent était aussi employé ici pour noter une différence d'aperture :  le o devait être  fermé. Littré le réclamait à toutes les personnes du futur et du conditionnel : j'éclôrai, j'éclôrais.

Voici un exemple de passé simple par Ronsard : Son sein vous esclouit, gardez de l'offenser [Dieu]. Et un par Amyot : Deux serpents s'y glisserent, et feirent des oeufs dedans et les esclouirent .
Les temps prétendus défectifs et les personnes absentes sont  les mêmes que  pour clore.
 


Enclore

(1080). Se conjugue sur le modèle de clore, mais selon Hanse le présent de l'indicatif est complet : nous enclosons, vous enclosez. La 3e personne du singulier de ce temps s'écrit : il enclot, sans accent.L'impératif existe selon Hanse : enclos, enclosons, enclosez.

Il n'en allait pas de même du temps de Littré :

L'Académie ne donne ni imparfait, ni parfait, ni impératif, ni subjonctif présent, ni subjonctif imparfait, ni participe présent. Si, de fait, le parfait et l'imparfait du subjonctif sont tellement oubliés qu'on ne peut guère les faire revivre, il n'en est pas de même de l'imparfait de l'indicatif : j'enclosais ; de l'impératif : enclos, qu'il enclose ; du subjonctif présent : que j'enclose ; et du participe présent : enclosant.

Les temps composés se forment avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être.


Forclore

(1120). Ce verbe est formé de l'ancienne préposition fors, « hors de, dehors » et de claudere. Il a supplanté exclure qui est de formation savante similaire (ex et claudere). Il s'est spécialisé en justice surtout au présent de l'infinitif et au participe passé. « Exclure de faire quelque production en justice, après certains délais
passés ». Il s'est laissé forclore. Forclore quelqu'un de produire. C'est en revanche le sens premier qu'emploie Charles d'Orléans :
Plaisance s'est de moy partie,
Qui m'a de liesse forclos,
N'en parlez plus
(La despartie d'amour).
Le participe passé pouvait être forclus, d'où le nom forclusion sur le modèle d'inclusion, exclusion, tous termes de la même famille mais avec une évolution différente.


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