Les Esquimaux ont une centaine de mots pour désigner la neige
[Cette page constitue une adaptation et un complément de la FAQ du forum news:sci.lang}
Cette légende est constamment répétée, avec
des nombres divers, et elle ne possède aucun fondement
réel. la première fois que je l'ai entendue,
c'était en cours de philosophie et mon professeur voulait nous
transmettre l'idée de la relativité des cultures et des
civilisations. En dépit de cette intention louable, il aurait
été incapable de fournir la liste de ces mots ou
même d'en citer un. C'est quelque chose que l'on a entendu ou lu
et que l'on rapporte toujours sans preuve.
L'anthropologue Laura
Martin a reconstitué le développement du mythe avec les
variantes de nombres qui peuvent aller de vingt à plus de cent.
Geoffrey Pullum a recensé son étude dans The Great Eskimo Vocabulary Hoax (1991).
Combien de mots différents existent-ils ? La langue yup'ik
possède deux douzaines de racines désignant la neige ou
des actions en rapport avec la neige. Ce n'est pas quelque chose de
significatif. Le français possède des racines aussi
variées : neige, pleige, congère, avalanche, lavanche ou
lavange, blizzard, poudrerie, bourrasque, flocon, fondrière,
giboulée, névé ou niévé, gel, regel,
glace, cristal... Des adjectifs pour désigner la neige :
poudreuse, sèche, fondue, compacte... Des dérivés
savants : nivéal, nivôse, niviforme, nives. Des mots composés : boule de neige, bonhomme de neige, pelotes de neige,
chasse-neige, tourmentes de neige, fonte des neiges. Des
dérivés : neigeux, enneigé, enneigement,
déneiger. Des verbes régionaux : nèvoler (Savoie),
pelucher (Lyon), pleiger (Suisse).
Le total des mots yup'ik peut être
augmenté de manière considérable par les mots
dérivés, composés. Les langues inuks peuvent ainsi
construire une centaine de formes différentes à partir
d'un radical de départ. Cependant, c'est vrai pour toutes les
langues du monde et en particulier pour les langues agglutinantes comme
les langues inuks.
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