Faillir
Le verbe faillir (XIe s.) n'est pas conjugué au présent de l'indicatif et du subjonctif, à l'imparfait de l'indicatif. Mais ces temps existaient en ancien français. Il vient du latin classique fallere, « tromper ou manquer », devenu fallire en latin vulgaire.
L'a. fr. falir a été refait en
faillir, puis falloir. L'infinitif a été
calqué sur la 1re personne du présent de
l'indicatif. Sa conjugaison était identique à celle de
saillir. Le yod est issu de /l/ palatal à l'intervocalique.
Falir, faillir signifiait « manquer ;
manquer à, décevoir ; finir ; fausser
compagnie ». Le sens a changé ensuite :
« commettre une faute », puis au XVIe
s. « être sur le point de ».
Un changement de radical est intervenu au XIIe s. à la 1re personne qui est devenue je fal alors que le verbe valoir conjugué de manière identique est devenu je vaus.
La complexité de la conjugaison avec trois radicaux différents explique
la désuétude du présent. En revanche, le radical avec yod s'est
conservé au passé simple et futur, mais aussi dans le dérivé défaillir
: je défaille. Ce dernier verbe adopte une conjugaison normalisée au présent, sur le modèle du verbe cueillir (je cueil en a. fr., je cueille en fr. mod.) qui s'aligne sur la 1re conjugaison. Le verbe saillir, plus ou moins défectif, a donné de la même manière un dérivé plus régulier au présent, tressaillir.
Le participe passé fali ou failli a été doublé à date prélittéraire d'un falu sur le modèle de valt/valu (valoir), mais aussi d'une forme faut issue de *fallitu avec vocalisation. Le participe fallu s'est conservé dans la conjugaison de falloir.
Indicatif
Présent (disparu) |
|
Passé simple |
Futur simple |
je fail tu faus il, elle faut nous falons vous falez ils, elles falent |
|
je faillis tu faillis il, elle faillit nous faillîmes vous faillîtes ils, elles faillirent |
je faillirai tu failliras il, elle faillira nous faillirons vous faillirez ils, elles failliront |
Falloir
Le verbe falloir, en a. fr. faloir (1160), est dérivé du verbe faillir. Il signifiait « manquer, manquer à ». Le changement de sens s'est effectué à travers l'expression petit s'en faut, puis peu s'en faut, qui donne au XVe s. « il est besoin », « il est nécessaire de ».
En fr. mod., c'est un verbe impersonnel qui peut se conjuguer
à tous les temps, mais le mode impératif n'est pas
représenté.
Ce verbe reprend
au précédent son présent et un de ses participes passés. Le passé
simple a été formé de manière analogique au participe
passé. Le futur provient de la syncope du /i/ prétonique qui
entraîne une épenthèse du /d/ : /falra/ >/faldra/. Ce radical est analogique de vaudra (valoir), voudra (vouloir).
Indicatif
Présent |
il faut |
Imparfait |
il fallait |
Passé simple |
il fallut |
Futur simple |
il faudra |
Passé composé |
il a fallu |
Plus-que-parfait |
il avait fallu |
Passé antérieur |
il eut fallu |
Futur antérieur |
il aura fallu |
Subjonctif
Présent |
il faille |
Imparfait |
il fallût |
Passé |
il ait fallu |
Plus-que-parfait |
il eût fallu |
Conditionnel
Présent |
il faudrait |
Passé 1re forme |
il aurait fallu |
Passé 2e forme |
il eût fallu |
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