Les mots cachés du latin en français



   Cette page énumère quelques mots qui ont été déformés par la prononciation à la française du latin scolaire ou d'Église, on ne perçoit pas le plus souvent leur origine.

Cancan, n. m., avant 1641 ; grand bruit à propos de quelque chose ; quanquan de collège 1554 ; du latin quanquam « quoique », avec l'ancienne prononciation qui notait les nasales. La graphie « quanquan » est encore notée en 1821. Le terme provient de la locution qui était employée dans les disputes scolaires, elle a pris le sens de harangue universitaire, puis très vite elle n'a plus été perçue en fonction de son origine, mais avec le sens de « beaucoup de bruit pour une chose qui n'en mérite pas tant » (1584), avec influence de l'onomatopée du canard. Le mot a été ensuite rattaché au verbe « cancaner ».

Dicton,  n. m., 1477 ; du latin dictum « sentence », participe passé neutre du verbe dico. Le sens de proverbe est attesté dès 1501.
 
Requin, n. m., 1539 ; requien 1578 ; requiem XVIIe s ; peut-être de requiem, par allusion à la mort rapide qu'il provoque : « Quand il a saisi un homme, ... il ne reste plus qu'à faire chanter le Requiem pour le repos de l'âme de cet homme-là. » (Huet). Cette origine est fort controversée. Elle est combattue par les origines quien, forme normanno-picarde de chien (de mer) précédé d'un intensif, le squale est dénommé « chien de mer » dès le XIIIe s., ou par orquin, de l'italien orchino, d'orca « orque ».

Rogaton, n. m., 1668 ; convocation, 1367 ; du latin médiéval rogatum, de rogare « demander » Le mot a d'abord servi à désigner le porteur d'une requête, d'une convocation, d'une assignation. Chez Rabelais (1534), l'expression « porteur de rogatons » est ironique et désigne un religieux mendiant qui porte les reliques d'un saint. À l'époque classique le sens péjoratif l'emporte et le lien avec la mendicité est plus fort. Furetière (1690) :
ROGATON. s. m. Permission de quester, ou placet pour demander l'aumône. Il vient des étrangers, des Religieuses de dehors avec des rogatons, pour quester dans les maisons.
ROGATON, se dit aussi des bribes & autres choses questées. Les besaces des Questeurs sont pleines de rogatons.
On appelle proverbialement un porteur de rogatons, celuy qui porte des vers, des Sonnets, des Placets à des Grands Seigneurs pour tâcher de tirer deux quelque present.
Pour Mme de Sévigné, il s'agit d'une nouvelle de peu d'intérêt (1676).

Toton, n. m., 1653 ; totum 1606 ; du latin totum, tout (l'enjeu), marqué sur une face du dé. Le toton ancien monté sur une cheville était à quatre faces visibles et les lettres suivantes étaient indiquées : A (Accipe, reçois), D (Da, donne), R (Rien), T (Totum, le tout). Le toton a ensuite désigné une forme de toupie (1904) par analogie avec le toton qui tournait autour d'une tige.


 

Voir la page consacrée à la prononciation du latin.
 

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