L'abricot

Ce fruit était connu dès l'Antiquité en Europe et il est cultivée en Italie à partir du Ier siècle de notre
ère. Selon Pline, il se vendait 30 sesterces pièce. Il était nommé præcoqua, ou præcoca au neutre pluriel collectif, le terme præcox (præcoquo) s'appliquait aux plantes et aux fruit précoces ou mûrs. On trouve aussi chez Pline armeniacum, fruit d'Arménie, armeniaca ou abricotier chez Columelle (et pruna armeniaca), l'Arménie était la provenance immédiate et le fait se retrouve en grec. Le fruit est originaire de Chine en fait, mais il va faire le tour de la Méditerranée par des chemins étranges. Il reste arménien dans les parlers lombards par aphérèse sans doute par mauvaise coupe ou par métathèse : mungnaga, ramognega. Le terme aurait été importé en Syrie par l'intermédiaire du grec praekokon avant de revenir en occident.

Les Arabes d'Espagne réintroduisent l'abricot et ils emploient alors devant lui l'article arabe al, mais en outre ils changent le timbre de p qui n'existe pas en arabe. Le p est souvent remplacé par un b dans cette langue et plus rarement par un f. Le mot devient al-barqûq, et en espagnol albaricoque (1300, avec conservation de la forme ancienne), en portugais albricoque par syncope. L'italien albicocca témoigne de l'influence espagnole à la Renaissance. Toutes ces formes montrent une agglutination de l'article au contraire de bricocatu génois.

Il entre en français sous la forme aubercot (1512-1535) à partir du catalan abercot, albercot et il devient abricot en 1547. Le français montre encore une hésitation face à la liquide l devant consonne qui se vocalise dans aubercot. On doit donc supposer une simplification de la prononciation avec la métathèse d'abricot qui permet de conserver le timbre d'a, mais sans doute aussi du fait d'un intermédiaire portuaire portugais.      

Le mot français donne ensuite l'anglais apricot (sans doute par croisement avec apple ou april, mais peut-être par une prononciation régionale française), l'allemand Aprikose, le néerlandais abricoos par affaiblissement.

Le cas du ginkgo

Le caractère chinois pour l'abricot se lit an pour les Japonais et ils écrivent ginan ou abricotier argenté, mais ils emploient kyô dans kyônin ou verger d'abricotiers. Le g semble issu du fait que le découvreur de l'arbuste, le botaniste allemand Kaempfer au XVIIIe s., écrivait si mal que le y du Ginkyo fut pris pour un g en changeant une des possibles lectures du kanji ginkyo. La prononciation et l'écriture du mot sont erratiques en français. L'arbre est nommé aux quarante écus (souvent mille) car celui qui a ramené le premier ginkgo en France avait payé, pour cinq spécimens, quarante écus et tous en voyant ce feuillage doré, le désignèrent comme l'arbre aux mille écus croyant voir des écus d'or. Il figure dans un conte de Voltaire qui montre l'impression générale de l'époque. En anglais, on le désigne comme le maidenhair tree, ou l'arbre à chevelure de jeune fille.

L'abricot selon Ponge

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