Le frêne


Le nom du frêne provient du latin classique fraxinus qui donne fraisne (1080, puis freisne (1180) par diphtongaison issue du k palatal et avec métathèse du yod issu de la palatale par anticipation. Cela dit, le nom latin est d'origine obscure, il viendrait du grec phraxis « haie » ou du latin fraxinus« foudre » car il attire la foudre lorsqu'il est isolé. Le terme remplace alors un mot gaulois antérieur, et c'est un peu confus. Le frêne jouait un rôle dans la culture militaire romaine, il servait à édifier des clôtures et des armes de jet. C'est peut-être cet emploi qui a généralisé le nom latin au détriment du nom gaulois.

On peut noter que le mot frêne est apparenté à l'italien frassino, à l'espagnol fresno, au portugais freixo. Il existe en France des formes régionales comme frane ou fragne, notamment dans l'Est et à la limite des domaines d'oc et d'oïl. Cela s'explique par une différence d'accentuation. Les variantes pour les noms de famille sont multiples : Fragne, Fragnier, Fraiche, Frèche, Freixe, etc. Elles sont toutes présentes dans le domaine d'oc ou francoprovençal, fort peu sont du nord même si l'on en trouve en Berry.

« Ardent ces hanstes [lances] de fraisne et de pumer » Chanson de Roland.

Onno-

Le nom indoeuropéen du frêne est répandu partout : gallois onn, cornique onnen, breton onn, oun, vieil irlandais uinnius. Il remonte à un radical indoeuropéen *os- que l'on retrouve dans le latin ornus (venant de *osenos par rhotacisme) qui donne l'orne. Ce mot est encore présent en lituanien úosis, en vieux slave janesī, en allemand Esche, en anglais ash, en albanais ah, en arménien haçi, en grec oxue.

L'orne est le nom commun, vulgaire du frêne orne, aussi appelé frêne à fleurs. Ce nom est d'origine romaine et non gauloise. Il a pu supplanter le nom gaulois dans les régions où poussaient des ornes,

Le nom se retrouve dans les toponymes : Onay (Drôme, Haute-Loire), Aunat (Aude, avec production d'un h anormal dans Honacum), Aunay (Nièvre), Onnex (Suisse). Toutefois le nom a pu être confondu avec celui de l'aulne comme à Aunay-sur-Auneau.

La faible répartition du nom gaulois du frêne et son éviction par le terme latin montrent que cet arbre ne jouait pas un rôle central dans la civilisation gauloise. Toutefois, le mot latin a exercé un rôle essentiel sur la prononciation du chêne, arbre plus important chez les Gaulois.

Un poème sur le frêne

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La racine indoeuropéenne a été assez influente pour donner les mots mordve ukso et mari oško dans des langues d'une autre famille, finno-ougrienne. On peut supposer que les langues indoeuropéennes étaient les langues d'échange.