La graphie gh


La graphie gh correspond à trois prononciations différentes selon l'origine des mots.

1. Gh vaut pour f

– Rough, mot anglais.

2. Gh ne se prononce pas devant consonne

– copyright ;
– extra-light ;
– highlander ;
– high-tech ;
– light ;
– night-club, night-clubber ;
– sunlight..
Ce sont tous des mots d'origine anglaise.

3 Gh se prononce g dur

– afghan, ane, Afghanistan, afghani ;
– agha, aussi écrit aga ;
– bobsleigh ;
– boghead ;
– boghei ou boguet, d'abord boky de l'anglais buggy ;
– carragheen, carragheenate ;
– Daghestan, aussi écrit Daguestan ;
– dinghie, dinghy, d'abord dingui ;
– fellagha ;
– ghazel, aussi écrit gazel ;
– Ghana, ghanéen, enne ;
– gheisha,  aussi ghesha, d'abord guécha ; 
– ghetto, d'abord écrit guetto, ghettoïsation ;.
– ghez ;
– ghilde, aussi écrit guilde, d'abord écrit gilde, gelde ;.
– kirghize, Kirghizistan ;
– larghetto ;
– leghorn, nom anglais de Livourne, le gh note un f en anglais ;
– Maghreb, maghrébin, ine, aussi écrit magrébin, d'abord Magribleu ;;
– malpighie ;
– narghilé, aussi écrit narguilé ;
– nuraghe, d'abord nurage ;
– Ogham, oghamique d'abord ogamique ;
– ouïghour, aussi écrit ouïgour ;
– seghia, aussi écrit seguia ;.
– sloughi, d'abord écrit slougui ;
– sorgho, aussi écrit sorgo ;
– yoghi, aussi écrit yogi.


4. Un gh français ou étranger ?

Il existe plusieurs origines pour le groupe « gh » :
– Des mots d'origine arabe, turque, persane, chinoise : afghan, Daghestan, kirghize, fellagha, sorgho, narghile... (Le gh note souvent une consonne propre au turc et absente en français.) Ces noms sont en fait des translittérations en français d'un autre système d'écriture.
– Des noms passés par l'anglais : Ghana, dinghy, yoghi (il existe souvent des variantes, par quelle aberration peut-on écrire « yogi » et prononcer avec un /g/)...
– Des mots italiens, corses... Il s'agit de faire une différence avec la graphie par g où la consonne devient /dj/.
– Des noms belges : Ghelderode, Gregh, Ghignet, Maghin, Maeght (ce dernier est un vrai piège pour les locuteurs). Comme pour l'italien, une graphie avec gu aurait donné une autre prononciation dans ces terres un peu flamandisées.

Toutefois, le gh peut être proprement français. L'italien connaît le sorgo et non le sorgho, l'anglais le buggy et non le boghei. Les graphies en gh vont se multiplier à la fin du XIXe s.

Les prénoms Ghislain et Ghislaine

Ils doivent être prononcés guilin et guilène, non jicelin et jicelène. Le nom de saint Ghislain est particulièrement vénéré dans la région de Mons où il fut évêque.

Le nom de la ville d'Enghien

D'un côté les Belges tiennent farouchement pour Engui-in, mais les Français disent tous En-guin.
Enghien est d'abord le nom d'une cité médiévale du Hainaut, au sud de Bruxelles. Mentionnée au XIe siècle sous la forme Adengem, autrement dit le domaine d'Ado, nom de personne germanique suivi du double suffixe -ingheim. Des noms du Nord sont formés de la même manière, Frelinghien, Mazinghien.
Marie de Luxembourg, duchesse douairière de Bourbon, en hérite en 1526. Le cadet de ses petits-fils, le prince Louis Bourbon-Condé, aura le titre de duc d'Enghien. Le petit fils de ce dernier, Henri, se marie avec Charlotte de Montmorency, petite fille du Grand Connétable. Leur fils Louis, le Grand Condé a rendu le titre de duc d'Enghien célèbre par ses victoires dont celle de Rocroi. En 1689, les princes de Condé ont obtenu de Louis XIV de voir transformer le duché de Montmorency en duché d'Enghien. Officiellement, la ville de Montmorency, sa vallée, son étang doivent s'appeler Enghien. L'usage conservera à Montmorency son nom d'origine. Son étang gardera celui d'Enghien.

Un débat ancien

Le Dictionnaire historique de l'orthographe française de Nina Catach indique que la réfection de garlande par l'italien ghirlande a été très tôt modifiée. Cotgrave écrivait en 1611 que cette orthographe n'était pas française (déjà !) Il s'agissait en fait d'une réaction contre les italianismes qui abondaient dans la langue.

Mais en fouillant un peu, on s'aperçoit que Furetière utilisait ces graphies non françaises de France : verghe par exemple, et envergher, enverghure. C'est un mauvais sujet que Furetière : il abusait aussi du tréma vergeüre. Le gh servait bien à distinguer des prononciations devant un e. Le terme le plus ancien parmi tous ceux qui ont été cités est ghetto et on le doit à Furetière contre le guetto ancien. Il faudra attendre un autre siècle pour que ghilde soit utilisé. Le gh évitait de se poser la prononciation en une ou deux syllabes avec gu, ainsi Guise ne se dit pas comme le nom commun guise, mais comme aiguille. Le français a suivi une voie différente de l'italien, mais il a multiplié ainsi les équivoques. Les noms propres des Pays-Bas espagnols ont échappé à ce nivellement parce qu'ils étaient hors du territoire français et parce que le flamand restait proche.

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