Le marronnier


Le nom du marron est attesté en 1526. Il est emprunté à l'italien marrone qui désignait une grosse châtaigne comestible. Le radical de ce nom remonte probablement à un radical pré-indoeuropéen *marr- qui représentait une pierre, un rocher. On retrouve ce radical dans les Alpes ou les Pyrénées. Le jeu de la marelle en procède aussi à partir de l'ancien français marel, merel (XIIe s.), ou « palet, jeton, pièce de monnaie ». Le nom du marron a pu être d'abord un simple régionalisme, limité au sud-est de la France. «  Les sardonnes [châtaignes de Sardaigne] sont celles qu'on appelle à Lion marrons, cogneues par toute la France pour le traffique de tel fruit. »  (Olivier de Serres.)

Le marron d'Inde
Contrairement à ce que son nom laisse croire, le marronnier d'Inde ne vient pas de ce pays, ni d'Amérique. Il
est issu de la péninsule balkanique, et plus exactement de Turquie. Le terme marron d'Inde apparaît en 1718
parce que la châtaigne se nommait aussi marron, les deux fruits étaient confondus alors qu'ils provenaient d'espèces
distinctes. Précisons que le marron comme tel est une graine non comestible pour l'homme à la différence de la
châtaigne. Dans l'expression, tirer les marrons du feu, antérieure à l'apparition du marronnier en Europe occidentale,
il s'agit de la châtaigne. Voir cette page.

La châtaigne des chevaux

Les graines du marronnier d'Inde, réduites en farine pour être mélangée à de l'avoine, étaient données autrefois
par les Turcs aux chevaux poussifs. De là viennent des termes régionaux comme la châtaigne des chevaux ou le
châtaignier de cheval. L'expression est passée aussi en anglais où l'on parle de horse chestnut, soit la châtaigne
de cheval. Un autre nom anglais est cependant conker. Le terme scientifique du marronnier demeure Æsculus
hippocastanum, ce qui rappelle la châtaigne de cheval.

La couleur marron

L'expression couleur de marron (1706) a donné très vite le substantif et l'adjectif en rapport (1750). Toutefois,
cet adjectif est tardif à la différence de châtain qui remonte à l'ancien français. C'est pourquoi il ne s'accorde pas,
il est apparu lorsque les règles grammaticales ont été fixées et lorsque l'on sentait encore le rapport avec la graine.
Il convient de ne pas confondre cet adjectif avec son homonyme variable qui possède une autre origine. Voir la page
consacrée à l'autre marron.

Les sens figurés

Le marron d'eau est le fruit de la macre. Le marron de cochon, c'est les racines du cyclame commun. Le marron
noir est une espèce d'agaric. Le marron épineux est un conchifère.    
    
Le marrron a pris le sens ancien de marel pour désigner un jeton de jeu (1752), mais par analogie il est devenu aussi
un pétard de forme cubique (1752), une pièce de cuivre numérotée ou un anneau de fer dans les garnisons pour
marquer que les rondes se sont faites avec exactitude, un noyau non calciné d'un four à chaux (1777), un grumeau
dans la pâte à pain sans doute par analogie avec la châtaigne à pain (1782), un peloton coagulé dans une table de
plomb mal fondue.

Le transfert métonymique du marron comme coups de la bagarre (1821) à coup de poing (1881) est parallèle à
l'emploi de la châtaigne. Les deux fruits ont échangé leurs sens figurés en même temps.

Voir la page sur tirer les marrons du feu

Voir la page sur l'homonyme marron

Voir la page sur le marronnier journalistique

Revenir au jardin

Revenir au sommaire