L'orme
Le nom de l'orme (1165) est une altération de l'ancien
français
olme (1100)
employé jusqu'à la fin du
moyen français. Le terme remonte au latin
ulmus qui est une
variante d'
alnus, le nom de l'
aulne. Le mot latin a pu influencer le
terme allemand
Ulme via
l'ancien haut allemand
ulmboum
alors que la
racine germanique de l'aulne est plus proche de l'anglais
elm, orme,
comme le montrent l'irlandais
almr
et l'ancien haut allemand
elm.
L'italien et l'espagnol
olmo
continuent directement le latin, mais le
français présente une altération de
l en
r
L'occitan
olm, olme ne
contient pas cette modification non phonétique. Les formes
d'ancien français montrent aussi une modification normale du
timbre de la voyelle initiale
o
en
u :
oulme,
ourme voire
oume par assimilation.
L'orme était affecté à la
justice ; sous son ombrage, à la campagne, on plaidait les
affaires. De là viennent des périphrases désignant
des personnes :
juges de dessous
l'orme, ou petits juges de village sans siège qui
jugeaient devant la porte du manoir seigneurial, sous
les ormes. Il faut l'entendre ainsi chez Rabelais :
« L'enorme concussion que voions hui entre ces juges
pedanées sous l'orme. » (
Pantagruel).
On disait également avocat dessous l'orme pour des petits
avocats :
Je
vy que chascun vous vouloit
Avoir
pour gagner sa querelle ;
Maintenant chacun vous appelle
Partout
avocat dessouz l'orme.
(Farce de maître Pathelin.)
Le terme est franchement
péjoratif et signifie avocat médiocre dans le langage des
coquillards : « Notaire en parchemin de corne, Et
grant advocat dessoubz l'orme, Juré sans reigle ne sans norme.
»
De
plaider sous l'orme on
passe à
attendre sous l'orme,
c'est-à-dire être
confiant en sa cause au XVII
e s., puis
attendre sous l'orme, attendez-moi sous
l'orme par antiphrase : on donne un rendez-vous auquel on n'a
pas l'intention de se rendre. Les parties en procès faisaient
souvent faux-bond lors des séances. L'expression est
popularisée par le satiriste Regnard en 1694 avec la
pièce
Attendez-moi sous l'orme.
Le nom de l'
ormeau (1202,
ormel) comme arbre n'a pas
donné le nom du mollusque
ormeau (XVI
e s.
auris
maris ou oreille de mer)
Le nom de l'
ormaie (1310) est
en concurrence avec
ormille
(1750) formée par croisement avec
charmille, ensemble de
charmes.
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