L'aulne et le verne


Le nom est double, mais c'est le même arbre. L'orthographe n'est pas moins double...

L'aulne ou l'aune

L'aune est une sorte de bouleau, Betula alnus.

La racine indoeuropéenne *el donne le nom de deux arbres latins : alnus et ulnus. Alnus, c'est notre aulne. Ulnus, c'est l'orme et ce mot donnera l'orme et l'ormeau. L'espagnol, le portugais et l'italien continuent olmo comme orme.

La même racine, mais cette fois par le biais germanique, donne en français l'alisier et en espagnol aliso ou aune. Elle provient en français du francique *alisa. Ce mot se rattache alors à l'allemand Erle ou aulne, Ulme ou orme, Elsbeere ou alisier, à l'anglais alder aune, elm ou orme, elder sureau, au néerlandais els, du vieil haut allemand elira, puis par métathèse erila.

Là où les choses se compliquent, c'est lorsque l'on évoque le nom célèbre d'Alésia. Il est possible que ce nom se rapporte à l'alisier ou l'alise en gaulois, alisia. Toutefois, le mot alisier serait une formation francique et le nom d'Alésia en rapport avec le rocher. On ne sait si Vercingétorix a été vaincu sur un rocher planté d'aulnes et on ne sait toujours pas quelle est la vraie Alésia.



Le nom latin alnus, renforcé par une finale identique à celles de fraxinus et de cassanus, s'impose au nord de  la Loire, sans doute du fait de la présence d'éléments germaniques. La forme ausne (1200) relèverait de ce croisement avec *alisa. En revanche, au sud il est contré par le terme issu du substrat gaulois, verna, qui donne verne, vergne.

L'alisier vient du bas-latin alierius par contamination de l'ancien haut allemand. Alizariæ, aliguerium était le lieu planté d'alisiers.

L'aune noir est le nom vulgaire de la bourdaine, sorte de nerprun, arbrisseau utilisé en médecine et pour sa poudre.

Le verne ou le vergne

Littré le donne masculin, mais on le rencontre au féminin. Le mot est celtique : vieil irlandais fern, gallois gwern, cornique guernen, breton gwern. Le terme veut dire aussi marais en breton et gallois car l'arbre pousse dans des lieux humides. Cependant, il semblerait que le sens de l'eau soit premier et qu'il ait donné son nom à l'arbre, lequel a servi ensuite à désigner un lieu humide ou un lieu marécageux, bordé de vernes. Le mot se rattacherait alors à un thème *wer en rapport avec l'eau (sanskrit vāri, eau).

En provençal c'est vern, vernha, en catalan vern. La forme avec mouillure se retrouve en français.

Le terme est fréquent en toponymie : Verneuil, Verneil, Vernejoul, Vernoil; Vernou, Vernon sont d'anciennes clairières d'aulnes ; Vernet, Vernais, Verneix, Vernois, Werneth (Cheshire) des aulnaies. Le nom peut se changer en Vert comme dans Vert-Toulon (Marne), Ver, Vern, La Vergne (Var). Il entre en composition avec des noms de rivières : Verdouble, Vernazobre, Vernoubre. Dans ce dernier cas, il serait une sorte de pléonasme inconscient puisque le mot serait apparenté plus lointainement au nom du Var et du Gard qui remontent à la source *wer, eau.

Voir la page sur l'orme

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