À, çà, là, déjà



L'accent grave est apparu au XVIe s. dans une série de mots homonymes : a/à, ça/çà, la/là.
Cet accent possède aussi des justifications étymologiques.

À (Xe s.), préposition, vient d'apud, « près de », d'ad, « vers ». Il entre en composition dans y-a-qu'à.

On écrit :
— Avec accent : à giorno, à quia.
—  Sans accent : a fortiori, a maxima, a posteriori, a priori.
Cependant dans ces derniers cas, il convient d'employer l'italique si l'on veut marquer le caractère latin de ces mots. Sinon, il est possible d'employer l'ancienne orthographe de l'Académie : à priori. Et de franciser commplètement à postériori.

Çà (1080) est un adverbe issu de l'agglutination de ecce-hac en latin populaire, « voici » renforcé à l'aide de « par ici ». Sa composition est comparable à celle des démonstratifs ce, ci. Il a aussi été écrit çai en ancien français, l'accent correspond donc à une lettre disparue.  Il entre dans l'adverbe deçà (XIIe s.). L'adverbe céans s'écrivait aussi çaens, il provient de ça-enz, le dernier élément provient d'intus, « dedans » en latin. Çà ne s'emploie guère que dans l'expression çà et là.

  (1080) est issu du démonstratif latin illac, « par là » coupé par aphérèse. Une variante en ancien français était lai. Il est possible de le confondre avec l'article défini ou le pronom personnel féminin la. Un adverbe composé léans, laenz, de même construction que céans, a existé en ancien français. entre dans les expressions : delà, au-delà, là-bas opposé à ici ou ci, voilà (construit par le déverbal vois à l'impératif) opposé à voici, revoilà. Il est présent dans le pronom démonstratif cela, mais sans accent. Il sert à renforcer d'autres démonstratifs celui-là, celle-là, ceux-là, ou des noms introduits par des adjectifs démonstratifs : cet homme-là. On le trouve aussi dans l'expression familière çuilà, dans l'interjection ou le nom holà.    

—- Déjà (1265), avant desja, l'accent vient du fait que le mot est formé de deux parties :  des, dès, « à partir de » et   (ia en ancien français) issu de  jam, « maintenant » en latin. (1080) était encore fréquemment utilisé à la Renaissance et déjà (desja ou desia) ne commencera à s'imposer qu'au XVIIe s. La graphie de ia (i et j n'étaient qu'une seule lettre) était très ambiguë – à rapprocher de il y a. Le même accent avait été utilisé dans une série sans difficulté comme deçà, delà, voilà. En 1740, l'Académie a décidé d'aligner ce mot sur les mots commençant par de-. L'adverbe entre en composition dans les mots suivants : jadis (jà a dis, il y a des jours), jamais (jam magis, déjà plus). L'expression jaçoit que (Xe s.) a disparu au XVIIe s.

Un mot d'origine italienne s'écrit aussi avec un accent : pietà.


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