L'aphérèse
 

 L'aphérèse est une forme de métaplasme et de troncation. Le terme vient du latin grammatical aphæresis d'origine grecque. C'est la chute d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes au début d'un mot, par opposition à l'apocope. L'aphérèse peut se conjuguer avec une déglutination dans le cas des fausses coupes : par exemple l'amerise donne la merise avec influence de la cerise.

Les influences analogiques sont parfois multiples : boche, 1879, est l'aphérèse de alboche, altération de allemoche, « allemand », d'après tête de boche « tête de bois ». Le porion ou surveillant d'une équipe de mineurs, 1775, est un mot picard, pour caporion « chef d'escouade », d'après le français régional porion « poireau ». La réduction ne tient pas à la seule expressivité ! Elle est dictée par les images associées...

Certaines expressions ont une histoire longue : le bougnat, 1889, vient de l'imitation plaisante des charbougnats ou marchands de charbon auvergnats. Le chandail est issu du tricot des marchands d'ail des Halles à la fin du XIXe s. Depuis le bougnat est devenu un cafetier ou un restaurateur bien établi. Le chandail a gagné ses titres de gloire grâce à Coco Chanel et on ne l'associe plus au peuple.

Une aphérèse plaisante est celle de bus. Le latin omnibus à l'ablatif pluriel a été employé comme adjectif pour désigner une voiture pour tous (1825), puis un train s'arrêtant à toutes les stations (1838). Mais la terminaison bus est devenue synonyme de véhicule (1893), après quoi elle est rentrée dans l'autobus (1906), le trolleybus (1921) et l'abribus (1974, marque déposée). Or le pronom latin omnis reçoit la terminaison -ibus.

La plupart des aphérèses lexicalisées sont lisibles : blème (problème), bouif (ribouis), centile (percentile, anglicisme), cipal (municipal), droper (adroper, arabe), gnard (mignard, momignard), gnon (oignon), pitaine (capitaine), ricain (américain), rital (italien avec changement d'initiale ou prosthèse), touffeur (étouffer), troquet (bistroquet, mastroquet).


Jeu : tu dois trouver et expliquer l'aphérèse employée par Gaston Lagaffe.


 
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