Être (suite)


4. L'infinitif et le futur français

a. L'infinitif

L'infinitif classique esse était formé de manière régulière en latin, mais il avait conservé sa désinence archaïque comme d'autres verbes tels queposse.  Le -s latin était passé à -r à l'intervocalique à époque précoce dans les autres verbes moins fréquents, c'est de là que viennent nos infinitifs en -r (er, ir, oir, re). Le phénomène du rhotacisme propre au latin n'avait pas atteint ce verbe, tout comme il n'avait pas affecté les emprunts au grec.

Toutefois, il se produit un phénomène d'alignement de la plupart des verbes en latin vulgaire et esse (avec la désinence d'infinitif -se) s'est retrouvé avec un autre suffixe d'infinitif en -ere. Le verbe a donc deux marques d'infinitif !

Cet infinitif est intéressant car il donne naissance à de nouvelles formes :
– Le présent essa (4) en italien.
– Le futur de l'italien, de l'espagnol, du portugais, du français.
– Le subjonctif de l'espagnol et du portugais par croisement avec sedere.
– En romanche esẹn ou esẹnts au présent.
Il y a encore d'autres formes historiques. Cependant, cet infinitif a revivifié la forme en s- ou en es- issue de *es-so alors  que ce radical aurait pu disparaître.

L'infinitif est ser en espagnol, en portugais, èser en occitan,essere en italien. Il devient estre, puis être en français avec la production propre d'une consonne épenthétique afin de faciliter la prononciation entre deux consonnes sr issues de la syncope d'une voyelle.

Sur l'infinitif latin proprement dit, voir cette page.

b. Le futur

Le futur français est d'origine périphrastique comme dans l'ensemble des langues romanes. Seul l'occitan a maintenu un futur synthétique directement issu du latin pour le verbe être. L'ancien français utilisait aussi ce futur, mais il l'a abandonné très vite à cause de sa concurrence avec l'imparfait. Une forme rare esterai a existé, mais elle semble une réfection sur estre sans être passée par*essere avec aphérèse.

Aller aux formes du participe et de l'imparfait en français. 

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