Le français, comme les autres langues néo-latines, n'a
pas toujours su reconnaître la présence de l'article
défini arabe « al » devant un nom. Il s'est donc
produit une
agglutination
de l'article au nom. Ainsi l'
alchimie
et la
chimie, l'
alcool,
l'
alquifoux et le
khôl, l'
azimut et le
zénith, l'
alcade,
le
cadi et le
caïd ou encore l'
alguazil et le
vizir ont la
même origine. Mais si l'on peut soupçonner un mot
passé par l'arabe grâce à la présence d'un
début en
al-, ce n'est pas
toujours possible car la consonne a
pu se vocaliser en français :
aubergine,
abricot.
Ce cas est
distinct des autres déformations du français :
artichaut. L'article
arabe se modifie devant certaines consonnes
en arabe et il subit leur assimilation ; c'est pourquoi l'on a le
hasard, l'
azimut, l'
arrobe. Encore que... le h du mot
hasard doit tout
au hasard (
as-zahr) des
fausses lectures. Cette assimilation se produit avec les lettres dites
solaires
ch, s, z, l, r, du
nom du soleil en arabe
chems
qui commence par une de ces lettres. La voyelle peut être modifiée
aussi comme dans
élixir.
La présence de
l'article peut égarer : dans le mot
amiral,
l'article est
à la fin du mot car l'expression arabe qui voulait dire «
seigneur de la mer » a subi une troncation, et le mot a
été assimilé aux titres médiévaux
comme
sénéchal, maréchal qui
comportaient un
suffixe
-al notant la
fonction. On ne voit donc plus le rapport avec
l'
émir. Il existe en outre
deux cas de
déglutination
: le mot luth comporte une consonne initiale qui appartient à
l'article mal coupé (
al oûd).
Ainsi , le rapport avec
l'
oud n'est plus senti. Le mot
orange
pose des problèmes encore
plus complexes.
La présence d'un article arabe ne signifie nullement que le mot
est d'origine proprement arabe. Cette langue a pu servir
d'intermédiaire pour des termes d'origine persane
(
alberge, azur, alphénic), ou
bien faire des emprunts au latin
(
abricot, alcazar) et au grec (
alambic). La plupart des termes qui
contiennent l'article arabe sont d'époque
médiévale, ils sont entrés en français par
l'intermédiaire de l'espagnol et de l'italien surtout. Il
convient de noter que les mots entrés en français par l'arabe dialectal
d'Afrique du nord ne contiennent pas l'article.
Abricot
L'histoire de l'abricot est complexe ! C'est pourquoi je lui consacre
une
page à part.
adobe
Alambic
Le
mot apparaît en 1265. Il vient de l'espagnol
alambique, issu de
l'arabe
'al ambîq à partir du
grec
ambix
« vase ». Le provençal (
elambic),
le
catalan (
alambi) ont conservé
l'article, mais l'italien
lambicco, limbicco (d'où
lambicatto, alambiqué) montre une
déglutination avec fausse coupe de
l'article quoique le terme
alambicco
existe. Le terme appartient d'abord au vocabulaire de la chimie
comme un grand nombre de termes d'origine arabe, il conservé le
sens du grec vase mais en le spécialisant en vase à
distiller.
Le terme
lambic (1832) vient
du néerlandais
lambiek et est
passé par
lambick. Il entre
dans l'apposition gueuse
lambic.
Albacore
Le mot apparaît vers 1525 à partir de
l'hispano-américain
albacora
ou du portugais
albecora.
Peut-être de l'arabe
'al bakûra
« jeune
thon », de
bakûr
« précoce ». Le mot serait donc
apparenté à l'
abricot.
albatros
Alberge
Ce terme est issu du catalan
alberge
(1530) et il apparaît chez Rabelais en 1546. Il a existé aussi sous la
forme
auberge. Le nom se
rapporte à un hybride de l'abricot et de la pêche. Ménage a cru qu'il
venait d'
albus, blanc, à cause
de sa couleur ; Littré le rattache à l'abricot à cause de sa
consistance et de sa chair. En fait, il est passé par l'espagnol
alberchiga qui est une adaptation
arabe du mot latin
persicum,
fruit de Perse. Or ce mot latin a justement donné la
pêche. L'arabe ne possède pas la
consonne
p, il la transforme
en
b le plus souvent comme
dans le cas de l'
abricot et de
l'
alberge. Notons encore que l'
alberge ou l'
auberge n'a pas servi à nommer l'
aubergine.
Albotin.
Ancien terme de pharmacie pour la térébenthine. Arabe,
'al-botûm, térébinthe.
Alburno
Sorte de vêtement, en fait le
burnous
mais avec
l'article arabe
'al. Il était
encore employé au XIX
e s. Les formes ont été
diverses auparavant :
albernoux
(1478),
albrenousse, alburnous,
albornos. Sans
agglutination :
barnusse
(1556),
bornoz, bournous. La
forme du
burnous apparaît en
1830, ce qui coïncide avec la conquête de l'Algérie. Le mot arabe
barnüs, burnüs désigne un
capuchon, un bonnet, puis un manteau muni d'une capuche. Les formes
agglutinées sont passées par l'espagnol
albornoz (1350), les formes sans
agglutination par l'italien
brenuzio (1460).
Alcade
L'
alcade (1576), d'abord
arcade (1323) est un emprunt à
l'espagnol
alcade (1060), de
l'arabe
'al qādi, juge. Ce
mot arabe est aussi à l'origine du
cadi
(1351), d'abord
escaadi
(1230) avec une altération de l'article. Il se rapporte à l'idée de
décider, de juger
qāda. Le
terme
caïd, d'abord
caïte (1310), est de même origine,
mais il se rapporte en moyen français et en français classique à un
commandant, un chef. Ce n'est qu'en 1935 qu'il a pris le sens péjoratif
de chef d'une bande de malfaiteurs à partir du sens argotique de
personnage important (1903).
L'espagnol distingue l'
alcalde
ou maire et l'
alcaide ou
gouverneur d'une forteresse, geolier. L'
alcaidia est l'autorité du
gouverneur, l'
alcaldia est la
mairie.
Alcadear, c'est se
donner de l'importance ; l'
alcadeda
est l'abus d'autorité.
Alcali
L'emprunt s'est fait d'abord par le latin médiéval alkali (1215), d'où
la forme alkali en 1363 et alcali en 1509. Le mot arabe qāli désignait
la soude.
Alcaraza, s. m.
Emprunt tardif à l'espagnol
alcaraza
(1798). On trouve aussi au XIX
e s. la forme
alcarraza qui correspond à la forme
ancienne en espagnol. L'Académie a écrit jusqu'en 1932
alcarazas alors que c'est la forme
plurielle. C'est un vase d'une terre très poreuse, dans
lequel l'eau se rafraîchit vite. Le mot espagnol (XVI
e s.)
vient de
'al karrāz, la jarre.
Alcazar
Emprunt à l'espagnol
alcazar
(1069). L'alcazar du XIX
e s. (1872) se rapporte à des lieux
de plaisir de style mauresque distincts de la forteresse (1866),
d'abord
alcaçar (1669). Le
mot arabe
al qasr signifie la
forteresse, il est emprunté au latin
castrum,
place fortifiée, qui donne également
ksar
et
ksour, sans agglutination.
Alchimie
Le mot existe en français sous la forme
alquemie depuis 1265, à partir du
latin médiéval
alcheimia (XII
e
s.), de l'arabe
'al kīmiyāâ,
probablement
d'origine gréco-égyptienne. Le mot arabe serait une altération du grec,
mais il soulève des difficultés : grec tardif
khêmia ou magie noire, copte chame
ou noir, grec
khumeia ou
mélange. Le mot français passe par une série de formes différentes :
alkimie, et par attraction du grec
arkhê ou
ars il devient
arkemie, archimie. Le nom se fixe
avec
alchimie en 1418. Son
doublet
chimie naît en 1356 à
partir du latin médiéval
chimya,
chimia (XIII
e s.) L'anglais
alchemy et
chemistry (chimie) sont forgés à
partir du français, l'allemand
Alchimie
et
Chemie sont aussi issus du
français, comme le néerlandais
alchemie
et
chemie. L'espagnol est
alquimia et
quimica, cela exclut cette langue
comme intermédiaire direct des formes germaniques.
Alchimille
Plante de la famille des
rosacées, dite aussi pied-de-lion, employée comme astringente,
vulnéraire et
détersive. Son nom viendrait de l'arabe
al kemelieh, du fait de l'emploi de cette plante comme adjuvant
par les alchimistes.
Alcool
Le mot
alcohol naît sous la
plume de Paré en 1586. Il est issu du latin alchimique
alko(ho)l « substance
produite par distillation
totale »; à partir de l'arabe
'al
kuhl « poudre d'antimoine ». Le même mot a fourni le
khôl (1837), d'abord sous la forme
kohl en 1787. Le même mot était
apparu en 1646 comme
kouhel,
terme repris par Nerval. Il désignait le fard fait à base de poudre
d'antimoine. L'anglais
alcohol
et le néerlandais
alcohol
conservent la forme ancienne du français
alcool, l'espagnol a formé le mot
alcohol directement sur le latin.
L'allemand
Alkohol a gardé
intact le latin.
Alcoran
Le nom du Coran a longtemps été Alcoran. La forme alcoran ou alchoran
apparaît au XIVe s., elle a peut-être été influencée par l'espagnol
alcoran (XIIIe s.) Le mot arabe 'al qur'ān veut dire « lecture ». La
forme moderne koran (1657, puis coran a remplacé ce terme ancien.
Cependant Littré note qu'Alcoran est dans l'usage de son temps.
Alcôve n. f.
Le mot arabe
al qubba'
désignait d'abord une coupole, puis une petite chambre contiguë. En
ancien français, le mot
alcube,
acube ou ancube (XIIIe s.) se rapporte à une tente. Sous
l'influence de l'espagnol
alcoba,
le mot se rapporte à un renfoncement dans une chambre :
alcove en 1646. Le mot espagnol
montre une hésitation sur la prononciation ou la graphie du
b et du
v. Ces deux phonèmes n'étaient pas
encore vraiment fixés en castillan, d'où le portugais
alcoba ou
alcova, l'italien
alcovo. En revanche, l'anglais
alcove, le néerlandais
alkoof (avec un
o long), l'allemand
Alkoven procèdent du français. Le
mot est des deux genres en 1694, masculin chez Furetière, en 1718 pour
l'Académie. Il devient régulièrement féminin en 1762 après une
hésitation, mais Féraud note encore le masculin en 1787 dans le Midi.
L'accent circonflexe est analogique des accents de majesté ou d'emphase
(
trône, prône), il est
introduit en 1798 et il modifie la prononciation. Une forme
alcouve est signalée par
l'Académie en 1694.
Aldée
Désigne les bourgs et les villages des possessions
européennes en Afrique et dans les Indes. De l'espagnol
aldea ; portugais
aldea et
aldeia,
village, et de là
aldeião,
villageois,
aldeiar, diviser
par villages. Le mot arabe serait
al
daiah, fonds de terre.
Alezan, ane
Le mot alezan est dû à Rabelais en 1534. Il provient de l'espagnol
alazan, lui-même de l'arabe al
hisan, le beau, l'élégant, ou de
'az'ar, blond, roux, ardent, par la couleur de sa robe. Le nom
de la robe désignait d'abord le renard en arabe. Le portugais utilise
aussi
alazão. Les termes
ibériques sont des altérations qui rendent le mot obscur.
Alfange
Sorte de cimeterre. « Contre nous de pied ferme
ils tirent leurs alfanges, De notre sang au leur font d'horribles
mélanges », Corneille, le Cid, IV, 3. Le motvient de l'espagnol et du
portugais
alfange, de l'arabe
al
chandjar, coutelas. Ce mot est
le doublet de
kandjar, kandjiar,
kindjial, poignard à longue lame.
Algarade
Le mot apparaît en 1502 d'abord comme joute, puis comme attaque brusque
en 1530, enfin comme querelle ou attaque verbale en 1548. C'est un
emprunt au portugais
algazara,
algarade, tintamarre, et à l'espagnol.
algara,
troupe à cheval,
algarada,
cris, criailleries. Ceux-là l'ont emprunté à l'arabe
'al gārra, attaque à mains armées.
Algazelle
Ce mot n'est pas un simple doublet de la gazelle, il désigne une sorte
d'antilope africaine. D'abord algazel et masculin (1764), puis
algaselle (1784), enfin
algazelle.
Algèbre [alFDbY] n. f.
• fin XIVe; lat.
médiév. algebra, ar. al-jabr « contrainte,
réduction », dans le titre d'un ouvrage de
Al-Khawarizmi, IXe
Espagn. algebra, algèbre, et aussi l'art
de remettre les membres disloqués ; ital. algebra ;
basse latinité, algebra ; de l'arabe al, le, et djabroun,
réunion de plusieurs parties séparées ; en
mathématiques, réduction des parties au tout ou des
fractions à l'intégralité, de djabara, il a
relié, consolidé, réuni.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALGÈBRE. Ajoutez :
3° Algèbre littérale, algèbre qui emploie les
lettres de l'alphabet, ainsi nommée pour la distinguer de
l'algèbre des Arabes et des écrivains de la Renaissance,
qui n'employaient que des nombres. Viète est l'inventeur de
l'algèbre littérale. L'algèbre, comme toutes les
langues, a ses écrivains qui savent marquer leur sujet à
l'empreinte de leur génie, BERTRAND, Disc. aux funér. de
Lamé.
ÉTYMOLOGIE :
Ajoutez : Les Arabes ont désigné
l'algèbre par les deux mots algebra et almuchabala, qui veulent
dire restauration et opposition et se rapportent assez bien aux deux
opérations les plus fréquentes dans l'emploi des
équations, savoir l'addition d'une même quantité ou
la soustraction d'une même quantité aux deux membres d'une
équation, PROUHET. Dans l'étymologie, lisez djebr au lieu
de djabroun.
Algérien, ienne [alFeYjR,
jDn] adj. et n.
• 1677; de Alger, autrefois nom de la ville et du pays, ar. Al-Djazaïr
algorithme [algCYitm]
n. m.
• 1554; lat. médiév.
Algorithmus, n. pr. latinisé de l'ar. Al-Khawarizmi (cf.
algèbre), pris pour nom commun, égalt sous la forme
algorismus
Terme grec signifiant nombre, avec l'article arabe,
d'après Adelung et Étiene Quatremère ;
d'après M. Reinaud, d'al Korismi, le Kharismien,
célèbre mathématicien arabe, qui vivait sous le
calife Almamoun, dans le premier tiers du IXe siècle ;
étymologie bien préférable, puisqu'elle rend
compte du g. Au XIIIe siècle, algorithme signifiait
l'arithmétique avec les chiffres arabes.
Alguazil (al-goua-zil), s. m.
1° Officier de police en Espagne.
2° Par extension, tout agent de la justice ou de la police. On rira
des erreurs des grands, On chansonnera leurs agents, Sans voir arriver
l'alguazil, BÉRANG. Ainsi-soit-il. J'aurais pu rester longtemps
dans les griffes des alguazils, si on n'eût pas parlé de
moi, P. L. COUR. Lett. II, 73.
ÉTYMOLOGIE :
Portug. alguazil, alvacil, alvacir ;
espagn. alguacil, alvacil ; basse latinité, algatzarius,
algatzerius, algozirius, alguazirus ; de l'arabe al, le, et de
vazir, vizir (voy. VIZIR).
Alhagi (a-la-ji), s. m.
Sainfoin alhagi, plante de la famille des
légumineuses.
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al-hadj ( a long pour hadj) ;
Rauvolf, médecin d'Augsbourg, découvrit cette plante
durant son voyage au Levant, en 1537, et la décrivit sous le nom
de alhagi Maurorum, DEVIC, Dict. étym.
Alhambra (al-an-bra), s. m.
Palais des rois Maures à Grenade.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALHAMBRA. - ÉTYM. Arabe, al-hambra, la
rouge ; l'enceinte et les tours de ce monument sont en briques
rouges.
Alicate (a-li-ka-t), s. f.
Sorte de pince dont se servent les émailleurs à
la lampe.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALICATE. - ÉTYM. Espagn. alicates,
petites tenailles, de l'arabe al-lakhâth, tenailles,
DEFRÉMERY.
alidade [alidad] n. f.
• 1415; lat. médiév. alidada, ar. al-idhâla
Alidade (a-li-da-d'), s. f.
1° Règle de bois ou de métal munie d'une pinnule
à chaque extrémité, et servant à tracer,
sur un instrument appelé planchette, les lignes
déterminant la direction des objets visés à
travers les pinnules.
2° Règle mobile qui, tournant autour d'un cercle
divisé en degrés, sert à mesurer les angles ;
celle-ci est munie d'un vernier et porte également des pinnules
ou une lunette.
ÉTYMOLOGIE :
Bas-lat. alidada, alhidada, de l'arabe al, le,
et idad, computation.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALIDADE. - ÉTYM. Ajoutez : L'arabe
al-idada ( a long pour le 1er a de idada) a le sens technique d'alidade
dans les ouvrages d'astronomie ; dans le langage ordinaire il
signifie poteau, DEVIC, Dict. étym.
Alizari [alizaYi] n. m.
• 1805; mot gréco-turc, probablt ar. al-usâra « jus, extrait »
ALIZARI (a-li-za-ri), s. m.
Nom commercial de la racine de garance.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALIZARI. Ajoutez : - ÉTYM. Espagn.
alizari, de l'arabe asara ( 2nd a long), qui signifie le suc extrait
d'un végétal par compression, DEVIC, Dict. étym.
Alkékenge [alkekSF]
n. m.
• 1694; alquequange 1555; de l'ar. al-kâkang
ALKÉKENGE (al-ké-kan-j'), dit aussi ALKÉKENGÈRE, COQUERET ou
COQUERELLE, s. m.
Plante vivace dont les baies, arrondies, d'un
rouge orange, renfermées dans un calice vésiculeux
très large et rougeâtre, sont acidules,
légèrement rafraîchissantes et diurétiques.
Ces baies entrent dans le sirop dit de chicorée.
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al, le, et kakendj, mot d'origine
incertaine, qui est expliqué dans le dictionnaire de FREYTAG,
par resina arboris in montibus Herati crescentis, cui usus in medicina
est.
Alkermès [alkDYmDs]
n. m.
• 1575; « kermès » 1546; esp. alkermes, ar. al-qirmiz
ALKERMÈS (al-kèr-mès').
1° Adj. Confection alkermès, élixir alkermès,
médicaments composés renfermant le suc du kermès
animal.
2° S. m. Se dit pour la confection et pour l'élixir.
L'élixir est parfois appelé alkermès liquide,
alkermès des Italiens.
HISTORIQUE :
XVIe s. Des potions cordiales qui se feront de
confection d'alkermes, PARÉ, XX, 31. Graine d'alkermes, ID. XXI,
2. Les sachets du coeur doivent estre faits de soye cramoisie ou
sandal, parce quee telles matieres sont teintes en escarlate, de
laquell. la graine nommée alkermes resjouit le coeur, ID XXV, 39
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al, le, et kirmiz (voy. KERMÈS).
ALMADIE (al-ma-die), s. f.
Sorte de grande pirogue de quelques parties de
l'Afrique.
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al, le, et madhi, qui passe ou fend
l'eau.
UPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
Almagra (al-ma-gra), s. m.
Substance employée en peinture, plus
connue sous le nom de rouge indien ou rouge de Perse, DEVIC, Dict.
étym.
ÉTYMOLOGIE :
Espagn. almagra, almagre, de l'arabe al-maghra,
ocre rouge.
Almanach [almana] n. m.
• 1391; lat. médiév.
almanachus, ar. al-manakh, probablt du syriaque, rad. ma-
« lune, mois »
Almène (al-mè-n'), s. f.
Poids de deux livres (un peu moins d'un
kilogramme) (Espagne), DEVIC, Dict. étym.
ÉTYMOLOGIE :
Espagn. almena, de l'arabe al-mena ( a long
pour mena), qui est le grec, mine, poids d'une livre.
Almicantarat [almikStaYa]
n. m.
• 1660; ar. al-muquantarat « l'astrolabe »
ALMICANTARAT (al-mi-kan-ta-ra), s. m.
Terme d'astronomie. Petit cercle de la
sphère céleste dont tous les points sont à la
même hauteur au-dessus de l'horizon.
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al-mouqantarat, les cintrées, les
voûtées, participe passé du verbe qantar, cambrer,
arquer.
AlmoudeLMOUDE (al-mou-d'), ou ALMUDE (al-mud'), s. f.
Mesure de liquides dans la péninsule
hispanique, DEVIC. Dict. étym.
ÉTYMOLOGIE :
Espagn. almud ; portug. almude, de l'arabe
al-moudd.
Alphénic (al-fé-nik), s. m.
Ancien terme de pharmacie. Sucre candi, sucre
d'orge, pâte faite d'amandes et de sucre, DEVIC, Dict.
étym.
ÉTYMOLOGIE :
Arabe, al-fanid ( a et i longs pour fanid), qui
vient du persan fanid ou panidh ( a et i longs dans ces deux derniers
mots), sucre purifié (voy. PÉNIDE au Supplément).
Alquifoux [alkifu]
n. m.
• 1697; esp. alquifol « sulfure d'antimoine », var. de l'ar.
al-kuhl
ALQUIFOUX (al-ki-fou), s. m.
Nom commercial du minerai de plomb sulfuré.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALQUIFOUX. Ajoutez : - ÉTYM. Espagn.
alquifol. M. Devic, Dict. étym. cite ce passage de Sonnini,
Commerce de l'Algérie, p. 29 : " Dans le commerce du Levant, la
mine de plomb ; les femmes de l'Orient la réduisent en
poudre subtile, qu'elles mêlent avec du noir de lampe, pour en
faire une pommade dont elles se teignent les sourcils, les
paupières, les cils et les angles des yeux. " M. Devic en
conclut que l'alquifoux n'est pas autre chose que le cohol ; or on
sait d'ailleurs que le cohol est le sulfure de plomb. Alquifoux est
donc une corruption de l'arabe alcohl (voy. ALCOOL) ; les
intermédiaires sont les formes alcofol, alquifol, dites pour
alcohl.
Aludel (a-lu-dèl), s. m.
Terme de chimie. Assemblage de pots ou
chapiteaux qui s'emboîtent les uns dans les autres, de
manière à former un tuyau.
HISTORIQUE :
XIIIe s. Por quoi donc en tristor demores ? Je
vois maintes fois que tu plores Cum alambic sus alutel, la Rose, 6406.
XVIe s. Cornue, cuenne, recipiens, aludel,
materas, PARÉ, t. III, p. 638.
ÉTYMOLOGIE :
Mot dont l'origine est inconnue, à moins
qu'on ne le fasse venir de a et de lutum, lut, dont on se sert pour
luter les vases employés en chimie. Il signifie le vase en verre
employé dans la sublimation ; il signifie aussi un
chapiteau doublé, ou même quadruplé ; c'est un
terme des anciens alchimistes.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ALUDEL. - ÉTYM. Ajoutez : Espagn.
aludel ; de l'arabe al-outhel, instrument pour sublimer (DOZY).
Alvarde (al-var-d'), s. m.
Graminée assez semblable au sparte et
s'employant aux mêmes usages, DEVIC, Dict. étym.
ÉTYMOLOGIE :
Espagn. albardin, de l'arabe al-bardi ( i long).
AMALGAME. - ÉTYM. Ajoutez : M. Devic, Dict. étym.,
apporte ses conjectures sur ce mot, qui n'est pas encore
éclairci. Il se demande si c'est l'arabe amal al-djam'a ( 1er a
bref pour amal, a long pour al), l'oeuvre de la conjonction, ou une
altération de al-modjam'a (modjam avec un a long), l'acte de la
consommation du mariage. Amalgama nous est venu par les alchimistes, M.
Devic n'en connaît pas d'exemple avant le XIIIe siècle.
Amiral, ale, aux [amiYal, o]
n.
• XIIIe; « émir » 1080; ar. âmir « chef »
Provenç. amirau, amirar, amiralh, amiratz ; espagn.
almirante ; ital. almiraglio, ammiraglio ; bas-lat.
admiralius, almiragius, meral dans une chronique de 1190, amirarius,
amiratus, amurati, amirandus, amiraeus ; bas-grec. On fait venir
ce mot de l'arabe amir al bahr, commandant de la mer. Le mot bahr
s'étant perdu, il vaut mieux y voir seulement le mot émir
(voy. ce mot) pourvu de finales très différentes, entre
lesquelles le français moderne a adopté al.
Anafin (a-na-fin), s. m.
Sorte d'instrument de musique arabe. Au lieu du
son des anafins, du bruit des trompettes, un silence profond
régnait autour d'Aben Hamet, CHATEAUB. Abenc. 157.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ANAFIN. Ajoutez : - ÉTYM. Port. anafim,
anafil, danafil, espagn. añafil, de l'arabe an-nafir, sorte de
trompette.
Anil (a-nil'), s. m.
Terme de botanique. Plante dont on tire
l'indigo.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :