L'article arabe



Le français, comme les autres langues néo-latines, n'a pas toujours su reconnaître la présence de l'article défini arabe « al » devant un nom. Il s'est donc produit une agglutination de l'article au nom. Ainsi l'alchimie et la chimie, l'alcool, l'alquifoux et le khôl, l'azimut et le zénith, l'alcade, le cadi et le caïd ou encore l'alguazil et le vizir ont la même origine. Mais si l'on peut soupçonner un mot passé par l'arabe grâce à la présence d'un début en al-, ce n'est pas toujours possible car la consonne a pu se vocaliser en français : aubergine, abricot. Ce cas est distinct des autres déformations du français : artichaut.  L'article arabe se modifie devant certaines consonnes en arabe et il subit leur assimilation ; c'est pourquoi l'on a le hasard, l'azimut, l'arrobe. Encore que... le h du mot hasard doit tout au hasard (as-zahr) des fausses lectures. Cette assimilation se produit avec les lettres dites solaires ch, s, z, l, r, du nom du soleil en arabe chems qui commence par une de ces lettres. La voyelle peut être modifiée aussi comme dans élixir.

La présence de l'article peut égarer : dans le mot amiral, l'article est à la fin du mot car l'expression arabe qui voulait dire « seigneur de la mer » a subi une troncation, et le mot a été assimilé aux titres médiévaux comme sénéchal, maréchal qui comportaient un suffixe -al notant la fonction. On ne voit donc plus le rapport avec l'émir. Il existe en outre deux cas de déglutination : le mot luth comporte une consonne initiale qui appartient à l'article mal coupé (al oûd). Ainsi , le rapport avec l'oud n'est plus senti. Le mot orange pose des problèmes encore plus complexes.

La présence d'un article arabe ne signifie nullement que le mot est d'origine proprement arabe. Cette langue a pu servir d'intermédiaire pour des termes d'origine persane  (alberge, azur, alphénic), ou bien faire des emprunts au latin (abricot, alcazar) et au grec (alambic). La plupart des termes qui contiennent l'article arabe sont d'époque médiévale, ils sont entrés en français par l'intermédiaire de l'espagnol et de l'italien surtout.  Il convient de noter que les mots entrés en français par l'arabe dialectal d'Afrique du nord ne contiennent pas l'article.
 

Abricot
L'histoire de l'abricot est complexe ! C'est pourquoi je lui consacre une page à part.

adobe
 
Alambic
Le mot apparaît en 1265. Il vient de l'espagnol alambique, issu de l'arabe 'al ambîq à partir du grec ambix « vase ». Le provençal (elambic), le catalan (alambi) ont conservé l'article, mais l'italien lambicco, limbicco (d'où lambicatto, alambiqué) montre une déglutination avec fausse coupe de l'article quoique le terme alambicco existe. Le terme appartient d'abord au vocabulaire de la chimie comme un grand nombre de termes d'origine arabe, il conservé le sens du grec vase mais en le spécialisant en vase à distiller.

Le terme lambic (1832) vient du néerlandais lambiek et est passé par lambick. Il entre dans l'apposition gueuse lambic.

Albacore
Le mot apparaît vers 1525 à partir de l'hispano-américain albacora ou du portugais albecora. Peut-être de l'arabe 'al bakûra « jeune thon », de bakûr « précoce ». Le mot serait donc apparenté à l'abricot.

albatros

Alberge
Ce terme est issu du catalan alberge (1530) et il apparaît chez Rabelais en 1546. Il a existé aussi sous la forme auberge. Le nom se rapporte à un hybride de l'abricot et de la pêche. Ménage a cru qu'il venait d'albus, blanc, à cause de sa couleur ; Littré le rattache à l'abricot à cause de sa consistance et de sa chair. En fait, il est passé par l'espagnol alberchiga qui est une adaptation arabe du mot latin persicum, fruit de Perse. Or ce mot latin a justement donné la pêche. L'arabe ne possède pas la consonne p, il la transforme en b le plus souvent comme dans le cas de l'abricot et de l'alberge. Notons encore que l'alberge ou l'auberge n'a pas servi à nommer l'aubergine.

Albotin.
Ancien terme de pharmacie pour la térébenthine. Arabe, 'al-botûm, térébinthe.

Alburno
Sorte de vêtement, en fait le burnous mais avec l'article arabe 'al. Il était encore employé au XIXe s. Les formes ont été diverses auparavant : albernoux (1478), albrenousse, alburnous, albornos. Sans
agglutination : barnusse (1556), bornoz, bournous. La forme du burnous apparaît en 1830, ce qui coïncide avec la conquête de l'Algérie. Le mot arabe barnüs, burnüs désigne un capuchon, un bonnet, puis un manteau muni d'une capuche. Les formes agglutinées sont passées par l'espagnol albornoz (1350), les formes sans agglutination par l'italien brenuzio (1460).

Alcade
L'alcade (1576), d'abord arcade (1323) est un emprunt à l'espagnol alcade (1060), de l'arabe 'al qādi, juge. Ce mot arabe est aussi à l'origine du cadi (1351), d'abord escaadi (1230) avec une altération de l'article. Il se rapporte à l'idée de décider, de juger qāda. Le terme caïd, d'abord caïte (1310), est de même origine, mais il se rapporte en moyen français et en français classique à un commandant, un chef. Ce n'est qu'en 1935 qu'il a pris le sens péjoratif de chef d'une bande de malfaiteurs à partir du sens argotique de personnage important (1903).

L'espagnol distingue l'alcalde ou maire et l'alcaide ou gouverneur d'une forteresse, geolier. L'alcaidia est l'autorité du gouverneur, l'alcaldia est la mairie. Alcadear, c'est se donner de l'importance ; l'alcadeda est l'abus d'autorité.

Alcali
L'emprunt s'est fait d'abord par le latin médiéval alkali (1215), d'où la forme alkali en 1363 et alcali en 1509. Le mot arabe qāli désignait la soude.

Alcaraza, s. m.
Emprunt tardif à l'espagnol alcaraza (1798). On trouve aussi au XIXe s. la forme alcarraza qui correspond à la forme ancienne en espagnol. L'Académie a écrit jusqu'en 1932 alcarazas alors que c'est la forme plurielle. C'est un vase d'une terre très poreuse, dans lequel l'eau se rafraîchit vite. Le mot espagnol (XVIe s.) vient de 'al karrāz, la jarre.

 Alcazar
Emprunt à l'espagnol alcazar (1069). L'alcazar du XIXe s. (1872) se rapporte à des lieux de plaisir de style mauresque distincts de la forteresse (1866), d'abord alcaçar (1669). Le mot arabe al qasr signifie la forteresse, il est emprunté au latin castrum, place fortifiée, qui donne également ksar et ksour, sans agglutination.
 
Alchimie
Le mot existe en français sous la forme alquemie depuis 1265, à partir du latin médiéval alcheimia (XIIe s.), de l'arabe 'al kīmiyāâ, probablement d'origine gréco-égyptienne. Le mot arabe serait une altération du grec, mais il soulève des difficultés : grec tardif khêmia ou magie noire, copte chame ou noir, grec khumeia ou mélange. Le mot français passe par une série de formes différentes : alkimie, et par attraction du grec arkhê ou ars il devient arkemie, archimie. Le nom se fixe avec alchimie en 1418. Son doublet chimie naît en 1356 à partir du latin médiéval chimya, chimia (XIIIe s.) L'anglais alchemy et chemistry (chimie) sont forgés à partir du français, l'allemand Alchimie et Chemie sont aussi issus du français, comme le néerlandais alchemie et chemie. L'espagnol est alquimia et quimica, cela exclut cette langue comme intermédiaire direct des formes germaniques.

Alchimille
Plante de la famille des rosacées, dite aussi pied-de-lion, employée  comme astringente, vulnéraire et détersive. Son nom viendrait de l'arabe al kemelieh, du fait de l'emploi de cette plante comme adjuvant par les alchimistes.

Alcool
Le mot alcohol naît sous la plume de Paré en 1586. Il est issu du latin alchimique alko(ho)l « substance produite par distillation totale »; à partir de l'arabe 'al kuhl « poudre d'antimoine ». Le même mot a fourni le khôl (1837), d'abord sous la forme kohl en 1787. Le même mot était apparu en 1646 comme kouhel, terme repris par Nerval. Il désignait le fard fait à base de poudre d'antimoine. L'anglais alcohol et le néerlandais alcohol conservent la forme ancienne du français alcool, l'espagnol a formé le mot alcohol directement sur le latin. L'allemand Alkohol a gardé intact le latin.

Alcoran
Le nom du Coran a longtemps été Alcoran. La forme alcoran ou alchoran apparaît au XIVe s., elle a peut-être été influencée par l'espagnol alcoran (XIIIe s.) Le mot arabe 'al qur'ān veut dire « lecture ». La forme moderne koran (1657, puis coran a remplacé ce terme ancien. Cependant Littré note qu'Alcoran est dans l'usage de son temps.
   
Alcôve  n. f.
Le mot arabe al qubba' désignait d'abord une coupole, puis une petite chambre contiguë. En ancien français, le mot alcube, acube ou ancube (XIIIe s.) se rapporte à une tente. Sous l'influence de l'espagnol alcoba, le mot se rapporte à un renfoncement dans une chambre : alcove en 1646. Le mot espagnol montre une hésitation sur la prononciation ou la graphie du b et du v. Ces deux phonèmes n'étaient pas encore vraiment fixés en castillan, d'où le portugais alcoba ou alcova, l'italien alcovo. En revanche, l'anglais alcove, le néerlandais alkoof (avec un o long), l'allemand Alkoven procèdent du français. Le mot est des deux genres en 1694, masculin chez Furetière, en 1718 pour l'Académie. Il devient régulièrement féminin en 1762 après une hésitation, mais Féraud note encore le masculin en 1787 dans le Midi. L'accent circonflexe est analogique des accents de majesté ou d'emphase (trône, prône), il est introduit en 1798 et il modifie la prononciation. Une forme alcouve est signalée par l'Académie en 1694. 

Aldée
Désigne les bourgs et les villages des possessions européennes en Afrique et dans les Indes. De l'espagnol aldea ; portugais aldea et aldeia, village, et de là aldeião, villageois, aldeiar, diviser par villages. Le mot arabe serait al daiah, fonds de terre.

Alezan, ane
Le mot alezan est dû à Rabelais en 1534. Il provient de l'espagnol alazan, lui-même de l'arabe al hisan, le beau, l'élégant, ou de 'az'ar, blond, roux, ardent, par la couleur de sa robe. Le nom de la robe désignait d'abord le renard en arabe. Le portugais utilise aussi alazão. Les termes ibériques sont des altérations qui rendent le mot obscur.

Alfange
Sorte de cimeterre. « Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges, De notre sang au leur font d'horribles mélanges », Corneille, le Cid, IV, 3. Le motvient de l'espagnol et du portugais alfange, de l'arabe al chandjar, coutelas. Ce mot est le doublet de kandjar, kandjiar, kindjial, poignard à longue lame.

Algarade
Le mot apparaît en 1502 d'abord comme joute, puis comme attaque brusque en 1530, enfin comme querelle ou attaque verbale en 1548. C'est un emprunt au portugais algazara, algarade, tintamarre, et à l'espagnol. algara, troupe à cheval, algarada, cris, criailleries. Ceux-là l'ont emprunté à l'arabe 'al gārra, attaque à mains armées.

Algazelle
Ce mot n'est pas un simple doublet de la gazelle, il désigne une sorte d'antilope africaine. D'abord algazel et masculin (1764), puis algaselle (1784), enfin algazelle.

Algèbre [alFDbY] n. f.
 
• fin XIVe; lat. médiév. algebra, ar. al-jabr « contrainte, réduction », dans le titre d'un ouvrage de Al-Khawarizmi, IXe


    Espagn. algebra, algèbre, et aussi l'art de remettre les membres disloqués ; ital. algebra ; basse latinité, algebra ; de l'arabe al, le, et djabroun, réunion de plusieurs parties séparées ; en mathématiques, réduction des parties au tout ou des fractions à l'intégralité, de djabara, il a relié, consolidé, réuni.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALGÈBRE. Ajoutez :
   
3° Algèbre littérale, algèbre qui emploie les lettres de l'alphabet, ainsi nommée pour la distinguer de l'algèbre des Arabes et des écrivains de la Renaissance, qui n'employaient que des nombres. Viète est l'inventeur de l'algèbre littérale. L'algèbre, comme toutes les langues, a ses écrivains qui savent marquer leur sujet à l'empreinte de leur génie, BERTRAND, Disc. aux funér. de Lamé.

ÉTYMOLOGIE :

    Ajoutez : Les Arabes ont désigné l'algèbre par les deux mots algebra et almuchabala, qui veulent dire restauration et opposition et se rapportent assez bien aux deux opérations les plus fréquentes dans l'emploi des équations, savoir l'addition d'une même quantité ou la soustraction d'une même quantité aux deux membres d'une équation, PROUHET. Dans l'étymologie, lisez djebr au lieu de djabroun.


Algérien, ienne [alFeYjR, jDn] adj. et n.
 
• 1677; de Alger, autrefois nom de la ville et du pays, ar. Al-Djazaïr

algorithme [algCYitm] n. m.
 
• 1554; lat. médiév. Algorithmus, n. pr. latinisé de l'ar. Al-Khawarizmi (cf. algèbre), pris pour nom commun, égalt sous la forme algorismus

 Terme grec signifiant nombre, avec l'article arabe, d'après Adelung et Étiene Quatremère ; d'après M. Reinaud, d'al Korismi, le Kharismien, célèbre mathématicien arabe, qui vivait sous le calife Almamoun, dans le premier tiers du IXe siècle ; étymologie bien préférable, puisqu'elle rend compte du g. Au XIIIe siècle, algorithme signifiait l'arithmétique avec les chiffres arabes.


Alguazil (al-goua-zil), s. m.

   
1° Officier de police en Espagne.
   
2° Par extension, tout agent de la justice ou de la police. On rira des erreurs des grands, On chansonnera leurs agents, Sans voir arriver l'alguazil, BÉRANG. Ainsi-soit-il. J'aurais pu rester longtemps dans les griffes des alguazils, si on n'eût pas parlé de moi, P. L. COUR. Lett. II, 73.

ÉTYMOLOGIE :

    Portug. alguazil, alvacil, alvacir ; espagn. alguacil, alvacil ; basse latinité, algatzarius, algatzerius, algozirius, alguazirus ; de l'arabe al, le, et de vazir, vizir (voy. VIZIR).

Alhagi (a-la-ji), s. m.

    Sainfoin alhagi, plante de la famille des légumineuses.

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al-hadj ( a long pour hadj) ; Rauvolf, médecin d'Augsbourg, découvrit cette plante durant son voyage au Levant, en 1537, et la décrivit sous le nom de alhagi Maurorum, DEVIC, Dict. étym.

Alhambra (al-an-bra), s. m.

    Palais des rois Maures à Grenade.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALHAMBRA. - ÉTYM. Arabe, al-hambra, la rouge ; l'enceinte et les tours de ce monument sont en briques rouges.

Alicate (a-li-ka-t), s. f.

    Sorte de pince dont se servent les émailleurs à la lampe.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALICATE. - ÉTYM. Espagn. alicates, petites tenailles, de l'arabe al-lakhâth, tenailles, DEFRÉMERY.


alidade [alidad] n. f.
 
• 1415; lat. médiév. alidada, ar. al-idhâla

Alidade  (a-li-da-d'), s. f.

   
1° Règle de bois ou de métal munie d'une pinnule à chaque extrémité, et servant à tracer, sur un instrument appelé planchette, les lignes déterminant la direction des objets visés à travers les pinnules.
   
2° Règle mobile qui, tournant autour d'un cercle divisé en degrés, sert à mesurer les angles ; celle-ci est munie d'un vernier et porte également des pinnules ou une lunette.

ÉTYMOLOGIE :

    Bas-lat. alidada, alhidada, de l'arabe al, le, et idad, computation.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALIDADE. - ÉTYM. Ajoutez : L'arabe al-idada ( a long pour le 1er a de idada) a le sens technique d'alidade dans les ouvrages d'astronomie ; dans le langage ordinaire il signifie poteau, DEVIC, Dict. étym.


Alizari [alizaYi] n. m.
 
• 1805; mot gréco-turc, probablt ar. al-usâra « jus, extrait »

ALIZARI (a-li-za-ri), s. m.

    Nom commercial de la racine de garance.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALIZARI. Ajoutez : - ÉTYM. Espagn. alizari, de l'arabe asara ( 2nd a long), qui signifie le suc extrait d'un végétal par compression, DEVIC, Dict. étym.



Alkékenge [alkekSF] n. m.
 
• 1694; alquequange 1555; de l'ar. al-kâkang

ALKÉKENGE (al-ké-kan-j'), dit aussi ALKÉKENGÈRE, COQUERET ou COQUERELLE, s. m.

    Plante vivace dont les baies, arrondies, d'un rouge orange, renfermées dans un calice vésiculeux très large et rougeâtre, sont acidules, légèrement rafraîchissantes et diurétiques. Ces baies entrent dans le sirop dit de chicorée.

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al, le, et kakendj, mot d'origine incertaine, qui est expliqué dans le dictionnaire de FREYTAG, par resina arboris in montibus Herati crescentis, cui usus in medicina est.



Alkermès [alkDYmDs] n. m.
 
• 1575; « kermès » 1546; esp. alkermes, ar. al-qirmiz

ALKERMÈS (al-kèr-mès').

   
1° Adj. Confection alkermès, élixir alkermès, médicaments composés renfermant le suc du kermès animal.
   
2° S. m. Se dit pour la confection et pour l'élixir. L'élixir est parfois appelé alkermès liquide, alkermès des Italiens.

HISTORIQUE :

    XVIe s. Des potions cordiales qui se feront de confection d'alkermes, PARÉ, XX, 31. Graine d'alkermes, ID. XXI, 2. Les sachets du coeur doivent estre faits de soye cramoisie ou sandal, parce quee telles matieres sont teintes en escarlate, de laquell. la graine nommée alkermes resjouit le coeur, ID XXV, 39

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al, le, et kirmiz (voy. KERMÈS).
ALMADIE (al-ma-die), s. f.

    Sorte de grande pirogue de quelques parties de l'Afrique.

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al, le, et madhi, qui passe ou fend l'eau.

UPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

Almagra (al-ma-gra), s. m.

    Substance employée en peinture, plus connue sous le nom de rouge indien ou rouge de Perse, DEVIC, Dict. étym.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. almagra, almagre, de l'arabe al-maghra, ocre rouge.


Almanach [almana] n. m.
 
• 1391; lat. médiév. almanachus, ar. al-manakh, probablt du syriaque, rad. ma- « lune, mois »


Almène (al-mè-n'), s. f.

    Poids de deux livres (un peu moins d'un kilogramme) (Espagne), DEVIC, Dict. étym.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. almena, de l'arabe al-mena ( a long pour mena), qui est le grec, mine, poids d'une livre.

Almicantarat [almikStaYa] n. m.
 
• 1660; ar. al-muquantarat « l'astrolabe »

ALMICANTARAT (al-mi-kan-ta-ra), s. m.

    Terme d'astronomie. Petit cercle de la sphère céleste dont tous les points sont à la même hauteur au-dessus de l'horizon.

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al-mouqantarat, les cintrées, les voûtées, participe passé du verbe qantar, cambrer, arquer.


AlmoudeLMOUDE (al-mou-d'), ou ALMUDE (al-mud'), s. f.

    Mesure de liquides dans la péninsule hispanique, DEVIC. Dict. étym.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. almud ; portug. almude, de l'arabe al-moudd.

Alphénic (al-fé-nik), s. m.

    Ancien terme de pharmacie. Sucre candi, sucre d'orge, pâte faite d'amandes et de sucre, DEVIC, Dict. étym.

ÉTYMOLOGIE :

    Arabe, al-fanid ( a et i longs pour fanid), qui vient du persan fanid ou panidh ( a et i longs dans ces deux derniers mots), sucre purifié (voy. PÉNIDE au Supplément).


Alquifoux [alkifu] n. m.
 
• 1697; esp. alquifol « sulfure d'antimoine », var. de l'ar. al-kuhl

ALQUIFOUX (al-ki-fou), s. m.

    Nom commercial du minerai de plomb sulfuré.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALQUIFOUX. Ajoutez : - ÉTYM. Espagn. alquifol. M. Devic, Dict. étym. cite ce passage de Sonnini, Commerce de l'Algérie, p. 29 : " Dans le commerce du Levant, la mine de plomb ; les femmes de l'Orient la réduisent en poudre subtile, qu'elles mêlent avec du noir de lampe, pour en faire une pommade dont elles se teignent les sourcils, les paupières, les cils et les angles des yeux. " M. Devic en conclut que l'alquifoux n'est pas autre chose que le cohol ; or on sait d'ailleurs que le cohol est le sulfure de plomb. Alquifoux est donc une corruption de l'arabe alcohl (voy. ALCOOL) ; les intermédiaires sont les formes alcofol, alquifol, dites pour alcohl.


Aludel (a-lu-dèl), s. m.

    Terme de chimie. Assemblage de pots ou chapiteaux qui s'emboîtent les uns dans les autres, de manière à former un tuyau.

HISTORIQUE :

    XIIIe s. Por quoi donc en tristor demores ? Je vois maintes fois que tu plores Cum alambic sus alutel, la Rose, 6406.
    XVIe s. Cornue, cuenne, recipiens, aludel, materas, PARÉ, t. III, p. 638.

ÉTYMOLOGIE :

    Mot dont l'origine est inconnue, à moins qu'on ne le fasse venir de a et de lutum, lut, dont on se sert pour luter les vases employés en chimie. Il signifie le vase en verre employé dans la sublimation ; il signifie aussi un chapiteau doublé, ou même quadruplé ; c'est un terme des anciens alchimistes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ALUDEL. - ÉTYM. Ajoutez : Espagn. aludel ; de l'arabe al-outhel, instrument pour sublimer (DOZY).


Alvarde (al-var-d'), s. m.

    Graminée assez semblable au sparte et s'employant aux mêmes usages, DEVIC, Dict. étym.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. albardin, de l'arabe al-bardi ( i long).

  AMALGAME. - ÉTYM. Ajoutez : M. Devic, Dict. étym., apporte ses conjectures sur ce mot, qui n'est pas encore éclairci. Il se demande si c'est l'arabe amal al-djam'a ( 1er a bref pour amal, a long pour al), l'oeuvre de la conjonction, ou une altération de al-modjam'a (modjam avec un a long), l'acte de la consommation du mariage. Amalgama nous est venu par les alchimistes, M. Devic n'en connaît pas d'exemple avant le XIIIe siècle.

Amiral, ale, aux [amiYal, o] n.
 
• XIIIe; « émir » 1080; ar. âmir « chef »

  Provenç. amirau, amirar, amiralh, amiratz ; espagn. almirante ; ital. almiraglio, ammiraglio ; bas-lat. admiralius, almiragius, meral dans une chronique de 1190, amirarius, amiratus, amurati, amirandus, amiraeus ; bas-grec. On fait venir ce mot de l'arabe amir al bahr, commandant de la mer. Le mot bahr s'étant perdu, il vaut mieux y voir seulement le mot émir (voy. ce mot) pourvu de finales très différentes, entre lesquelles le français moderne a adopté al.

Anafin (a-na-fin), s. m.

    Sorte d'instrument de musique arabe. Au lieu du son des anafins, du bruit des trompettes, un silence profond régnait autour d'Aben Hamet, CHATEAUB. Abenc. 157.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ANAFIN. Ajoutez : - ÉTYM. Port. anafim, anafil, danafil, espagn. añafil, de l'arabe an-nafir, sorte de trompette.

Anil (a-nil'), s. m.

    Terme de botanique. Plante dont on tire l'indigo.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ANIL. Ajoutez : - ÉTYM. Espagn. añil, añir ; portug. anil ; de l'arabe an-nïl, qui vient du persan nïl, bleu, qui tient au sanscrit nila, bleu foncé.


Arratel (a-rra-tèl), s. m.

    Mesure de poids portugaise, valant 0k,4589.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. arrelde, arrate, arrel ; de l'arabe ar-ratl, une livre.



Arrobe ou arobe [aYCb] n. f.
 
• 1555; esp. arroba, ar. ar-roub « le quart »


ARROBE (a-ro-b'), s. f.

    Mesure de poids usitée dans les possessions d'Espagne et de Portugal. L'arrobe est de 11 kilog. 500.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. et portug. arroba, de l'arabe al reba'a, le quart, de l'article al, le, et de reba'a, quatrième, de arba'a, quatre, parce que l'arrobe est le quart du quintal espagnol.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    ARROBE. Ajoutez : - REM. La capacité n'en est pas la même partout : à Cadix, l'arrobe contient 16 litres environ ; en outre, l'arrobe d'huile n'est pas la même que celle de vin.

Artichaud - ÉTYM. Ajoutez : L'étymologie de M. Pihan est fausse ; ardhichoki signifierait terre de l'épine, et non épine de la terre ; ardhichoki, artichot, termes employés dans le Levant, sont des corruptions du mot européen. Le nom arabe de l'artichaud est al-harchof ou al-harchouf ; de là dérivent l'espagn. alcachofa, alcarchofa, et le port. alcachofra. L'ital. articiocco, et le français artichaud paraissent être des altérations ultérieures de la forme espagnole.

Athanor
, s. m.

    Nom donné, dans le moyen âge, par les alchimistes au fourneau dont ils se servaient.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. atanor, tuyau de fontaine, de l'arabe at-tanour ( u long), hébreu tannour, fourneau, avec l'article arabe al ; du chaldéen tan, fourneau, et nour, feu : fourneau du feu.

Attabale (a-ta-ba-l'), s. m.

    Espèce de tambour dont se servent les Maures.

ÉTYMOLOGIE :

    Espagn. atabal, timbale ; de l'arabe al, le, et thabal, tambour.



Provenç. almussa ; portug. mursa ; ital. mozzetta ; bas-lat. aumucia, aumucella, almucium, almucia, armutia ; de l'allemand Müzze, bonnet ; suédois, moessa ; holland. muts ; de l'ancien verbe muozan, couvrir, orner (voy. MUSSER). Quant au préfixe au ou al, c'est l'article arabe al, joint quelquefois, dans les langues romanes, à des mots qui ne sont pas d'origine arabe. On trouve bien aussi dans Isidore, armilausa, sorte de vêtement militaire. Mais, outre que armilausa donnerait difficilement aumusse, l'aumusse est précisément un accoutrement de tête.

azerole

Azimut [azimyt] n. m.
 
• 1680; azimuth 1415; ar. az-samt « le chemin

   Arabe al semt, de l'article al, et semt, voie, chemin, du verbe semt, il a demandé, visé à. Zénith (voy. ce mot) est une autre corruption du mot semt.

Zénith [zenit] n. m.
 
• v. 1360; chenit 1324; d'une mauvaise lecture (ni pour m) de l'ar. samt, semt, proprt « chemin » dans l'expr. samt-ar-râs « chemin au-dessus de la tête »; cf. azimut


Azoth (a-zot'), s. m.

    Terme d'alchimie. Prétendue matière première des métaux.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    AZOTH. Ajoutez : - ÉTYM. Arabe, az-zaouq, le mercure, DEVIC, Dict. étym.

écarlate
élixir
escabèche

Hasard

Luth [lyt] n. m.
 

• v. 1380; leüt XIIIe; a. provenç. laüt, de l'ar. al-oûd
rovenç, laut, lahut ; anc. cat. llahut ; espagn. laud ; portug. laude et alaud ; ital. leuto, liuto ; allem. Laute ; de l'arabe al ûd, le luth. La forme portugaise alaud indique l'origine arabe.

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