Le verbe ester est issu du verbe latin sto, stas, stare, stavi, statum. Il a fort probablement donné son radical au verbe être à l'imparfait et aux participes.

Le mot français apparaît en 1174-1176 dans son sens juridique « soutenir une action en justice ». Il s'est ainsi employé dans ester a dreit pour « comparaître en justice » ; la locution infinitive ester en justice (1384) demeure seule vivante. Ester à droit s'est encore employé tardivement : « Il fallait venir ester à droit soi-même, à moins d'une dispense expresse du roi. » (Voltaire, Histoire des mœurs).

Le sens général d'ancien français « demeurer, rester » apparaît à la fin du X^e s. à partir du sens classique en latin de stare, « se tenir debout ». Voici un exemple de la Chanson de Roland (1080 : « Au camp [champ] estez, que ne seions vaincuz. »

Le radical indoeuropéen du verbe *sta renvoie à l'idée de la station verticale. Le verbe est donc apparenté en français aux mots étable, établi, établir, stable, station, étage. Il est encore parent des verbes anglais to stand et allemand stehen. Par le biais du grec, il est en rapport avec la statistique.

Ses conjugaisons en ancien français

présent	passé simple	subjonctif présent
estois	estui	estoise
estas	estus	estoises
esta(t), estait	estut	estoise, estoist
estons	estumes
estez	estutes
estont	esturent	estoient

Les conjugaisons de l'indicatif et du subjonctif présents sont empruntées au verbe aler qui lui-même a emprunté une partie de ses désinences de l'indicatif présent à avoir. Le subjonctif défectif n'a pas résisté à la régularisation des nombreuses formes d'aller. La conjugaison au présent de l'indicatif a été refaite sur celle des verbes du premier groupe.

La conjugaison du passé simple est analogique de celle de fui (être au passé simple). Il s'agit d'un passé fort issu d'une séquence wé+i.

La concurrence de ce verbe avec estais, esté, estant (pour être) et son irrégularité a conduit à son abandon sauf dans la langue juridique qui est plus conservatrice. 


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