4. Les transformations après la verlanisation



a) Aphérèse

Un fait remarquable du verlan, c'est qu'elle est presque totalement ignorée.

Les exemples suivants ne sont pas du verlan, ils appartiennent aux procédés de création classiques du verlan sans aucun passage par la verlanisation : leur (contrôleur), teur (inspecteur), blème (problème), dwich (sandwich). Mais un terme comme ziczic (musique) est issu du verlan et son redoublement joue un rôle ludique.
Voir la page sur l'aphérèse.
 

b) Apocope
 

Dreup vient de dreupou, poudre ou cocaïne, héroïne.

Gèb, est issu de gébou, bouger.

Noiche désigne un noichi donc un Chinois.

Scud, skeud est un disque. Il suit cette transformation : di-squeu, squeu-di, skeud.

Streum, de streumon, monstre.

Zik, de zicmu, musique.

On constate que l'apocope concerne essentiellement les voyelles. En cela, le verlan agit différemment de l'argot classique : celui-ci privilégie les troncations qui laissent place à une syllabe ouverte (hosto, proprio) sans que ce soit une règle absolue.

Les résultats sont multiples :

– Les trissyllabes sont déjà rares en verlan. Les disyllabes étaient privilégiés lors de la verlanisation des monosyllabes fermés par l'ajout d'une bourre phonétique. Un rééquilibrage est donc opéré en faveur des monosyllabes.

– Cette coupe constitue un nouveau brouillage de la communication.

Voir la page sur l'apocope.
 

c) La suffixation


Beuron vient de beur.

Feujon vient de feuj, juif.

Foncedar utilise le suffixe péjoratif -ard, à partir de défoncé.

Keumé vient de keum.

Reusda est une variante de reus pour sœur. Le suffixe -da est un suffixe argotique classique (marida, flagada).

La resuffixation est en fait peu employée, sauf pour créer des dérivés :

Teuf donne teufeur, teufer.
 

d) La reverlanisation


Des mots qui existaient en verlan peuvent faire l'objet d'une reverlanisation suivant les procédés décrits précédemment, ainsi keuf peut devenir feukeu par attraction de fuck. L'exemple le plus célèbre est celui de beur.

– Verlanisation : Arabe : arabeu : rabeu par aphérèse (ou troncation de l'initiale) : rabeu : beura : beur.

– Reverlanisation : beur : beureu : reubeu.
 

– Reverlanisation partielle : merde : deumer : demeure. La permutation des voyelles permet le brouillage sémantique.
 

e) La double verlanisation

    Le terme subit deux verlanisations :
Lâche-moi : chelaoim.  Chaque terme est verlanisé à part. Verlanisation des syllabes : chela. Verlanisation des phonèmes : oim.
Comme ça : comas : ascom (ou sacom).  Verlanisation des phonèmes : as. Verlanisation des syllabes : ascom.
 

f) La verlanisation incomplète


Elle entre dans des expressions complètes comme celles qui précèdent. Par exemple : chez moi, chewam.

On la trouve aussi dans le terme naportnaouak. N'importe quoi : n'importe oik (wak). Ce terme subit ensuite une épenthèse ou ajout d'un phonème ou d'une syllabe à l'intérieur du  mot : nimportenouak : nimportnaouak. La syllabe épenthétique joue le rôle d'un écho et d'une allitération : nimportnaouak. Enfin, cet écho modifie la syllabe initiale avec un changement d'articulation de la voyelle et un redoublement expressif : naportnaouak.


g) La verlanisation sur le mode largonji

Le largonji consiste à remplacer la première lettre si c'est une consonne par un l, plus ou moins article, puis à suffixer le mot. On peut observer ce procédé dans l'expression à loilpé, à loilp' à partir d'à poil, tout nu. On part d'à poil, on donne l comme première lettre à l'poil, puis on procède à la verlanisation à loilp, et enfin on suffixe en se servant du nom de la lettre finale : à loilpé. Enfin, à loilp' est une apocope résultant de la chute du suffixe.
 

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Lire la page sur le largonnji et les autres argots à clef.

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